samedi 10 septembre 2016

Les meilleurs répliques de "Archimède le clochard", écrites pas Michel Audiard.


     En 1958, Gilles Grangier réalise un film sur une idée de scénario proposée par Jean Moncorgé, autrement dit Jean Gabin. De cette idée de scénario naîtra un scénario entier de Albert Valentin, avec des dialogues signés par Michel Audiard. C'est ainsi que naîtra Archimède le clochard.

Résumé :
     Archimède est un clochard assez atypique. Hors de question pour lui de se saouler au gros rouge, il préfère largement le Muscadet. Il est instruit, et surtout très malin. Se refusant de dormir sous les ponts, il squatte un immeuble en construction. Jusqu'au jour où des ouvriers viennent installer le gaz. Marteaux-piqueurs et autres bulldozers auront raison de la patience d'Archimède qui, afin de passer l'hiver au chaud, fera le nécessaire pour aller en prison. Malheureusement pour lui, la sentence du tribunal ne lui permettra pas de dormir au chaud assez longtemps. Mais le vieil Archimède est malin et a plus d'un tour dans son sac.

Critique :
     Ce film avec, entre autre, un Jean Gabin au mieux de sa forme, un Darry Cowl si parfait en clochard poltron et maladroit et un Bernard Blier en nouveau taulier d'un bistro, est une perlé méconnue à (re)découvrir, ne serait-ce que pour les dialogues d'Audiard et le personnage d'Archimède, atypique et souvent hilarant.

Dialogues :
Arsène : - On m'enlèvera pas de la tête que le boulot, c'est une habitude. Tiens, la preuve, ils l'ont bien prise, eux.
Archimède : - C'est comme si tu disais que la vérole est une habitude sous prétexte qu'il y en a qui l'attrape.
Arsène : - J'te parle boulot, tu réponds maladie. C'est de bonne foi...
Eh, là. Vous pouvez pas aller faire vos p'tites conneries ailleurs, non ?
Archimède : - Permets-moi de te dire que si moi je suis de mauvaise foi, quand toi tu viens défendre le boulot, t’envoies un peu loin le paradoxe.
Arsène : - J'préfère pas te répondre. Tu me fatigue.
Archimède : - C'est le mot paradoxe qui t'emmerde, parce que tu sais pas ce que ça veux dire. La v'là, la vérité.
[...]
Arsène (montrant l'usine) : - Eux, au moins, sont à l’abri, là-bas.
Archimède : - Beh qu'est-ce que t'attends pour faire comme eux, pour t'abriter ? T'as qu'à acheter les quotidiens du soir, c'est plein de demandes. Offre d'emploi qu'ils appellent ça, leur piège à bagnard. Une bonne lecture.

Archimède (aux ouvriers qui construisent l'immeuble dans lequel il squatte) : - Eh, là. Vous pouvez pas aller faire vos p'tites conneries ailleurs, non ?
[...]
Archimède : - Vous n'allez tout de même pas recommencer avec vos tremblements de terre !
Un ouvrier : - J'vous emmerde. On pose le gaz.
Archimède : - Le gaz... Y'a six mois, c'était l'eau, demain ça s'ra l'téléphone ! Vous ne pouvez pas grouper tout ça une seule fois pour toute, non ?

Arsène : - Pour quelqu'un qui sort du lit, tu m'a l'air bien énervé.
Archimède : - Y'a de quoi, j'ai des ouvriers chez moi. Je viens de discuter avec les architectes, on m'installe le gaz.
Arsène : - Le gaz ? Sans blague. Le vrai gaz ?
Archimède : - Le vrai gaz !
Le barman : - Et vous vous plaignez...
Archimède : - Oh vous, ça va comme ça. Les marteaux-piqueurs aujourd'hui, ça veut dire les bulldozers demain. Et ça pendant huit heures. Parce qu'ils font la journée de huit heures, je les connais moi, ces cons-là. J'les ai déjà eu l'année dernière quand ils m'ont installé l'eau. T'aurais cru la fin du monde, j'ai été obligé de foutre le camp pendant trois mois.


Archimède : - A partir de novembre, je ne connais que deux solutions convenables : la prison ou la Cote d'Azur. Ça, c'est mon truc.
Arsène : - T'y est déjà allé ?
Archimède : - Oui Monsieur, mais je ne supporte pas la nourriture.
Arsène : - C'est pas de la prison que je te parle, c'est de la Cote d'Azur.
Archimède : - Moi aussi, c'est de la Côte d'Azur. Je ne digère pas l'huile d'olive.
[...]
Archimède : - La liberté, c'est de faire ce qu'on veut. Y compris d'aller en taule quand on en a envie.

Le barman : - Écoutez-moi Archimède. J'vous paye un Muscadet, là. Sur mon compte.
Archimède : - Il est infecte, votre Muscadet.
Le barman : - Beh alors, un coup de rouge.
Archimède : - Assassin. Non mais vous l'entendez ? Il voulait m'buter au gros rouge.

Archimède : - Et voilà, on revient du labeur. On revient avec sa petite gamelle, on a fait réchauffer ses petites pommes au lard. Et maintenant, on va retrouver Bobonne, les mots croisés et la radio. BANDE DE FEIGNANTS. 

Le chef de station : - Dites-donc, vous, là. Oui, vous. C'est vous qui faites tout ce chambard ?
Arsène : - Oh, ben alors ça, Monsieur le chef de station, vous tombez bien, vous. On parlait justement de vous. On disait que votre station était bien tenue. C'est celle qu'on préfère. Hein ?
[Archimède fait éclater une bouteille de vin par terre.]
Le chef de station : - Oh, dites-donc, je vais vous faire emballer, moi, si vous faites des saloperies ici.
Arsène (s'adressant à Archimède) : - J't'avais dit qu'c'était un con.
Le chef de station : - Vous pouvez pas répondre au lieu de marmonner, là ? Qu'est ce que vous racontez, tous les deux ?
Archimède : - On dit qu'vous êtes un con. C'est t'y vrai ?

Archimède : - Monsieur Félix, vous allez foutre le camp. Je ne peux pas supporter votre tronche.
Félix : - Il ne faut pas se fier au physique des gens.
Archimède : Avec vous, si. Vous avez la gueule de travers et la mentalité biscornue. Vous êtes synchrone. Allez, hop, du vent. Et si à trois vous n'avez pas pris la porte, moi je vous fais prendre la fenêtre.

Félix : - J'ai le tibia en miettes.
Archimède : - Mais il est superbe, ton tibia.
Félix : - Le fumier.
Archimède : - C'est le péroné que tu dois avoir de pété. On va te mettre une attelle. Et après, faudra te plâtrer. T'en as pour deux mois. J'te dis qu'c'est rien.
Félix : - T'appelles ça rien, toi. Mais les jambes, dans mon métier, c'est ce qui me sert le plus. J'aimerais mieux avoir une fracture du crâne.
Archimède : - Tu vas en avoir une si tu continues à m'emmerder.


Archimède : - Eh ben moi, ce qui me les casse, c’est les faux affranchis, les pétroleurs syndiqués, les anars inscrits à la sécurité sociale. Ça refait la Chine, ça prend la Bastille, et ça se prostitue dans des boulots d’esclaves. Ah, ils sont beaux les réformateurs du monde... Le statisticien qui baguenaude un placard d’usurier, le chinetoque qui propage les danses tropicales, et le mange-merde qui prône la gastronomie. Ah, il est mimi le triumvirat ! Un beau sujet de pendule ! Allez, viens ma belle, qu’on foute le camp, qu’on voit plus ces affreux.

Archimède : - Vous avez pas de petits gâteaux, Madame, par hasard ?
Lucette : - Ah beh si c'est pour grignoter, je peux vous céder un paquet de petits beurres. Vous aimez ça ?
Archimède : - C'est pas pour moi, c'est pour mes chiens.
Lucette : - Oh beh alors, des vieilles croutes, ça suffit.
Archimède : - Pour les autres, sûrement. Mais pas pour les miens. Ils aboient en anglais.

Archimède : - Il est tiède.
Le nouveau patron : - Vous voulez de la glace ?
Archimède : - Tout corps plongé dans un liquide subit une poussée de bas en haut égale au volume du liquide déplacé. Pas de glace.
L'assureur : - Je conseillais à votre mari de prendre une police en votre faveur.
Le nouveau patron : - Un accident est vite arrivé, ma bichette.
Archimède : - Il peut même arriver du jour au lendemain. Avec votre cirrhose.
Le nouveau patron : - Ma cirrhose ?
Archimède : - Y'a qu'à vous regarder. Venez voir un peu ici dans la lumière. Venez voir. Mon pauvre ami, vous devez avoir le foie comme une champignonnière. J'suis sûr qu'avec un stéthoscope, on les entendrait pousser, vos granules.
Le nouveau patron : - J'vous préviens, j'aime pas ce genre d'astuce.
Archimède : - C'que j'en dis, c'est pour l'avenir de Bichette.
Le nouveau patron : - Ces astuces là aussi, je les aime pas. La mort, c'est sérieux. C'est pas un sujet de plaisanterie.
Archimède : - La mobilisation n'est pas la guerre, mon cher. Et j'trouve qu'on va arroser la dote de Madame.
Le nouveau patron : - Oui, et pas avec du casse-patte.
Archimède : - Ah non !
Le nouveau patron : - Avec du spécial.
Archimède : - Mais oui !
Le nouveau patron : - De la réserve au père Grégoire. J'pensais bien qu'il y aurait une occasion. La voilà.
[Le nouveau patron va à la réserve, vide à moitié une bouteille de vin, puis verse dedans du nettoyant pour cuivre (Miror).]
Le nouveau patron : - J'vais t'en foutre... d'la cirrhose... J'vais t'faire écouter pousser les granules, moi, tiens. Pour du spécial, ça va être du spécial. Ah le pourri. Si j'ai l'foie en fleur, j'sais pas en quoi il va être, le sien. Chromé, qu'il va être. Tout métal. Tiens, bec en zinc. Si t'en crève pas, mort aux cocus.
[Il revient dans la salle.]
Le nouveau patron : - Vous allez m'en dire des nouvelles.
Archimède : - Qu'est-ce que c'est ?
Le nouveau patron : - Du Tapanel supérieur, de la réserve. Gouttez-moi ça.
[Archimède bois un verre cul sec.]
Archimède : - Il manque un peu de moelleux. Ça doit être un coupage. Mais il est tonique, hein. On l'sent descendre.
[Le patron lui ressert un verre.]
Archimède : - On l'sent même vachement descendre. Vous permettez ?
[Archimède lui prend la bouteille.]
Archimède : - Il est taquin, on s'y ferait vite, hein ?
L'assureur : - Au revoir, Monsieur Pichon.
Archimède : - Tiens, Monsieur l'assureur, un p'tit verre avec nous ?
L'assureur : - Peut-être, mais alors sur le pouce.
Le nouveau patron : - MAIS PAS CUI-LA, PAS CUI-LA !
Archimède : - Comment, pas çui-là ? Quand y'en aura plus, on en fera remonter, quoi ! Allez, à la bonne nôtre, et rentrons-ça avant qu'y n'pleuve.
[L'assureur tombe aussitôt dans les pommes.]
Archimède : - Hey, est t'y bien assuré, lui au moins ?

Archimède (au caniche) : - Eh ben su tu veux qu'on s'entende, gars, il faudra changer tes manières. Chez moi, faut de la tenue. Plus question ni de faire le beau, ni de danser, mais de marcher à quatre pattes comme tout le monde. Si tu veux un sucre, tu le voles, si t'a envie de caresses, tu gueules, et si on t'emmerde, tu mords.

[Archimède est en train de nourir une petite chienne. Trois hommes-sandwichs s'assoient sur le band d'à côté.]
Le premier : - Donner du jambon à un clebs. Ah, on aura tout vu...
Le deuxième : - Quand on pense qu'y a des gens qui mangent pas leur compte.
Le troisième : - Tu l'as dit. Tiens, sans aller loin, aux Indes, parait d'après le journal qu'il y a soixante-dix millions de sous-alimentés, aux Indes. Si y voyaient ça...
Le deuxième : - Et en Chine ? Tu crois qu'ils tolèreraient ça, en Chine ? Un bol de riz par jour. C'est tout ce qu'on leur donne. Moi, j'veux bien que l'riz c'est nourrissant. M'enfin, c'est jamais que du riz. C'est pas du jambon. C'est vraiment se foutre des chinois, c'travail-là.
Archimède, parlant au chien : - Tu veux un p'tit bout de biscuit, ma belle ?
Le deuxième : - Un biscuit. Non, mais t'entends ça ?
Archimède, parlant au chien : - T'as plus faim ? Eh ben.
[Archimède se débouche une bouteille de Muscadet.]
Le troisième : - Et monsieur boit du vin bouché. Là, j'vous jure, ça dépasse tout. Le clochard, v'la qu'ça donne dans ce qu'il y a de luxe et dans l'appellation contrôlée.
Le premier : - Moi, ce genre-là, ça me les casses.
Archimède : - Eh ben moi, ce qui me les casse, c’est les faux affranchis, les pétroleurs syndiqués, les anars inscrits à la sécurité sociale. Ça refait la Chine, ça prend la Bastille, et ça se prostitue dans des boulots d’esclaves. Ah, ils sont beaux les réformateurs du monde... Le statisticien qui baguenaude un placard d’usurier, le chinetoque qui propage les danses tropicales, et le mange-merde qui prône la gastronomie. Ah, il est mimi le triumvirat ! Un beau sujet de pendule ! Allez, viens ma belle, qu’on foute le camp, qu’on voit plus ces affreux.

Le nouveau patron : - LUCETTE, MES GOUTTES ! N'oublie pas c'qu'a dit le médecin. Cinq. La posologie, ça s'appelle. Et de la posologie au veuvage, c'est une question de gouttes.