A l'occasion des 50 ans des Tontons flingueurs, le film mythique de Georges Lautner, la Gaumont a édité un coffret Collector Blu-ray, limité à 5000 exemplaires.
C'est aussi à l'occasion de cet anniversaire que je vous livre le script intégral de ce film, histoire de se remémorer les excellents dialogues de Michel Audiard. Bonne lecture.
Dans l’usine de Montauban
MONSIEUR FERNAND : C’est quand même pas la première fois, non ?
1er OUVRIER : J’dis pas que c’est la première fois
que vous montez à Paris Monsieur Fernand, j’dis que ça tombe mal. Si le
vent est frisquet, vous avez une couverture à l’arrière et Germaine a
mis du thé dans le thermos.
MONSIEUR FERNAND : Et pourquoi pas de la quinine et un passe montagne ? On croirait vraiment que je pars au Tibet.
2ème OUVRIER : Au revoir Monsieur Naudin.
MONSIEUR FERNAND : Au revoir Gustave.
1er OUVRIER : Monsieur Fernand, la foire battra pas son plein avant dimanche, si vous pouviez quand même être là.
MONSIEUR FERNAND : Je t’ai déjà dis que j’en avais
pour 48 heures maximum, et puis enfin bon dieu quoi, vous avez quand
même pas besoin de moi pour aligner 10 tracteurs dans un stand non ?
Hein ? … Tachez plutôt qu’elle tombe pas en panne comme la dernière
fois.
1er OUVRIER : Qu’est ce qui a été en panne ?
MONSIEUR FERNAND : La dépanneuse.
1er OUVRIER : Oh ! Monsieur Fernand …
GENERIQUE
Monologue de Monsieur Fernand dans sa voiture devant le bowling
MONSIEUR FERNAND : Louis de retour : présence
indispensable . Présence indispensable ! Après 15 ans de silence, y’en a
qui poussent un peu quand même. 15 ans d’interdiction de séjour ; pour
qu’il abandonne ses cactus et qu’il revienne à Paris, faut qu’il lui en
arrive une sévère au vieux Louis ; ou qu’il ait besoin de pognon, ou
qu’il soit tombé dans une béchamel infernale.
A l’arrivée dans le bowling
HENRI : Eh bien ma vieille, tu nous fais attendre, la route a pas été trop toc ?
MONSIEUR FERNAND : Ben, suffisamment.
HENRI : Ça fait plaisir de te revoir, le Mexicain commençait à avoir des impatiences.
MONSIEUR FERNAND : Ah bon, parce qu’il est revenu, c’est pas un char.
HENRI : Oh ben, je me serais pas permis.
MONSIEUR FERNAND : Avoue que ça fait quand même une surprise, non ?
HENRI : Les surprises, t’es peut être pas au bout, viens !
Dans la chambre du Mexicain
HENRI (à Pascal) : C’est Fernand !
PASCAL (à Louis) : Monsieur Fernand est là !
LOUIS : Oui, qu’il entre, qu’il entre ! Et ben c’est
pas trop tôt, je croyais que t’arriverais jamais ou bien que
t’arriverais trop tard.
MONSIEUR FERNAND : Tu sais, 900 bornes, faut quand même les tailler.
LOUIS : Ça fait quand même plaisir de te revoir, vieux voyou !
MONSIEUR FERNAND : A moi aussi…
LOUIS : Et j’ai eu souvent peur de clamser là bas au
milieu des macaques sans avoir jamais revu une tronche amie, et c’est
surtout à la tienne que je pensais.
MONSIEUR FERNAND : Tu sais moi aussi c’est pas
l’envie qui me manquais d’aller te voir mais on fait pas toujours ce
qu’on veut. Et toi ? J’ai pas entendu dire que le gouvernement t’avait
rappelé, qu’est ce qui t’a pris de revenir ?
LOUIS (au toubib) :Merci toubib, merci pour tout.
LOUIS (à Henri) : Henri dis-leur de monter…
MONSIEUR FERNAND : Pardon. Je crois qui vaut mieux quand même …
LOUIS : Me coupe pas, sans quoi on aura plus le temps.
LOUIS (à Henri) : Henri, fais tomber 100 sacs au toubib !
MONSIEUR FERNAND : Bon alors ? Qu’est ce qui se passe Louis ?
LOUIS : Je suis revenu pour caner ici et pour me
faire enterrer à Pantin avec mes viocs. Les Amériques c’est chouette
pour prendre du carbure, on peut y vivre aussi à la rigueur, mais
question de laisser ses os, y’a que la France. Et je décambute bêtement,
et je laisse une mouchette à la traîne, Patricia, c’est d’elle que je
voudrais que tu t’occupes.
MONSIEUR FERNAND : Et ben dis donc, t’en as de bonnes toi !
LOUIS : T’as connu sa mère, Suzanne « beau sourire » ?
MONSIEUR FERNAND : T’es marrant dis donc c’est plutôt toi qui l’a connue.
LOUIS : Au point de vue oseille je te laisse de quoi
faire ce qu’il faut pour la petite. J’ai des affaires qui tournent
toutes seules ; maître Folace, mon notaire t’expliquera. Bah, tu sais
combien ça laisse une roulette, 60% de velours.
MONSIEUR FERNAND : Et sur le plan des emmerdements,
36 fois la mise. Ah, écoutes Louis, ta môme, tes affaires, tout ça c’est
bien gentil mais… Moi aussi j’ai mes affaires, tu comprends ? Et les
miennes en plus, elles sont légales.
LOUIS : Ouais, j’ai compris : les potes, c’est quand tout va bien.
MONSIEUR FERNAND : Ça va pas toi, dis ? Hein ? J’ai pas dis ça !
LOUIS : Non, non, t’as pas dis ça, t’as pas dis ça mais tu livrerais ma petite Patricia aux vautours ; oh, mon petit ange…
MONSIEUR FERNAND : Ton petit ange, ton petit ange, hein ?
LOUIS : Oui, oh, maintenant que t’es dans
« l’honnête », tu peux pas savoir le nombre de malfaisants
qu’il existe, le monde en est plein. Ils vont me la mettre sur la
paille, ma petite fille. On va la dépouiller et on va tout lui prendre.
Je l’avais faite élever chez les sœurs, apprendre l’anglais enfin …
tout. Résultat : elle finira au tapin, et ce sera de ta faute, t’entends
? Ce sera de ta faute.
MONSIEUR FERNAND : Arrêtes un peu hein ? Depuis plus
de vingt piges que je te connais, je te l’ai vu faire 100 fois ton
guignol alors hein ? Et à propos de tout : de cigarettes, de came, de
nanas, ça toujours été ton truc à toi. Et une fois je t’ai même vu
chialer, alors tu vas pas me servir ça à moi non ?
LOUIS : Si !! Ben, tu te rends pas compte, saligaud, qu’elle va perdre son père, Patricia ; que je vais mourir ?
MONSIEUR FERNAND : J’te connais, t’en est capable.
Voilà dix ans que t’es barré, tu reviens et je laisse tout tomber pour
te voir et c’est pour entendre ça ? Et moi comme une pomme….
Toc toc toc
MONSIEUR FERNAND : Entrez !
Pascal, Henri, Raoul Volfoni, Théo, l’ami de Théo et Paul Volfoni entrent dans la chambre
LOUIS : Ben dis donc Théo, t’aurais pu monter tout seul ?
THEO : Si sa présence doit vous donner de la fièvre…
LOUIS : Oui, chez moi quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent.
L’AMI DE THÉO (chuchotant) : Je t’attends en bas.
THÉO (chuchotant) : A tout de suite…
LOUIS : Voilà je serai bref. Je viens de céder mes parts à Fernand ici présent. C’est lui qui me succède.
RAOUL VOLFONI : Mais, tu m’avais promis de m’en parler en premier !
LOUIS : Exact ! J’aurais pu aussi organiser un
référendum, mais j’ai préféré faire comme ça. Pas d’objections ?
Parce que moi j’ai rien d’autre à dire. Je crois que tout est en ordre,
non ?
Tous sortent de la pièce, sauf Pascal et Monsieur Fernand
LOUIS : Pascal ? Pascal ?
MONSIEUR FERNAND : Oh Louis, ben Louis ? Quoi ? Merde, Pascal ?
LOUIS : Je ne vais plus pourvoir tenir longtemps.
MONSIEUR FERNAND : Déconne pas Louis !
LOUIS : Tu sais de quoi je parle.
MONSIEUR FERNAND : Tu veux pas que j’ouvre la fenêtre un petit peu ? Hein ? Merde. Regarde, il fait jour.
LOUIS : D’ici… On voit … Que le ciel ! Mais je m’en
fous du ciel … J’y serai un petit homme. Moi ce qui m’intéresse … C’est
la rue. Et ils m’ont filé directement de l’avion dans l’ambulance … J’ai
rien pu voir. Dis donc, ça a du drôlement changer hein ?
MONSIEUR FERNAND : Tu sais, pas tellement quoi !
LOUIS : Raconte quand même !
MONSIEUR FERNAND : Et ben … C’est un petit matin
comme tu les aimes … Comme on les aimait quoi … Les filles sortent du
lido, tiens ! Pareil qu’avant. Tu te souviens? C’est à c’t'heure là
qu’on emballait.
Dans le bowling
MONSIEUR FERNAND : Si un jour on m’avait dis qu’il mourrait dans son lit celui-là ?
Théo: « Das Leben eines Man ist zwischen Himmel und Erde
vergegen der Sprung eines jungen weißes Fohlen über einen Graben… ein
Blitz… pfft… es ist verbeit… » ( « La vie d’un homme entre
ciel et terre passe comme le saut d’un poulain blanc franchissant un
fossé… un éclair… et c’est fait… »)… Chine… IV siècle avant Jésus Christ.
HENRI : On est… On vit… On trépasse… C’est comme ça pour tout le monde.
RAOUL VOLFONI : Pas forcement ! Enfin, je veux dire : on meurt pas forcement dans son lit ! Ben voyons !
MONSIEUR FERNAND à HENRI : Dis donc, j’tiens plus en l’air moi, t’aurais pas une bricole à grignoter là. C’est à toi ça? (cigarettes)
HENRI : Sers toi !
RAOUL VOLFONI : Y’a vingt piges le Mexicain, tout le
monde l’aurait donné à cent contre un : flingué à la surprise, mais
c’t'homme là, ce qui l’a sauvé : c’est sa psychologie.
PAUL VOLFONI : Tout le monde est pas forcement aussi doué.
PASCAL : La psychologie, y’en a qu’une : défourailler le premier !
THEO : C’est un peu sommaire, mais ça peut être efficace.
RAOUL VOLFONI : Et le Mexicain, ça été une épée, un
cador; moi je suis objectif, on parlera encore de lui dans cent ans.
Seulement, faut bien reconnaître qu’il avait décliné, surtout de la
tête.
PAUL VOLFONI : C’est vrai que sur la fin, il disait un peu n’importe quoi. Il avait comme des vapes, des caprices d’enfants.
MONSIEUR FERNAND (à Henri) : Merci Henri.
RAOUL VOLFONI : Enfin, toi qu’y a causé en dernier, t’as sûrement remarqué ?
MONSIEUR FERNAND : Remarqué quoi ?
RAOUL VOLFONI : T’as quand même pas pris au sérieux cette histoire de succession ?
MONSIEUR FERNAND : Pourquoi ? Fallait pas ? Ben, j’ai eu tort.
PAUL VOLFONI : Ah ! Et voilà ! Tu vois Raoul, c’était pas la peine de s’énerver, monsieur convient.
RAOUL VOLFONI : Y’en a qui abuseraient de la
situation, mais mon frère et moi c’est pas notre genre. Qu’est ce qu’on
peut faire qui t’obligerait ?
MONSIEUR FERNAND : Décarrer d’ici. J’ai promis à mon
pote de m’occuper de ses affaires. Puisque je vous dis que j’ai eu
tort, là. Seulement tort ou pas tort, maintenant, c’est moi le patron.
Voilà.
HENRI (lui tendant le téléphone) : Pascal !!
PASCAL (au téléphone) : Oui ?
PAUL VOLFONI : Écoute, on te connaît pas. Mais
laisse nous te dire que tu te prépares des nuits blanches, des
migraines, des nervous breakdowns (prononcé "nervousses brékdones") comme on dit de nos jours.
MONSIEUR FERNAND : J’ai une santé de fer. Vlà quinze
ans que je vis à la campagne : que je me couche avec le soleil, et que
je me lève avec les poules.
HENRI : Y’a du suif chez Tomate, trois voyous qui
chahutent la partie ; les croupiers ont les foies pour la caisse, ils
demandent de l’aide.
MONSIEUR FERNAND : Ça arrive souvent ?
THEO : Jamais !
PASCAL : Ça doit pouvoir se régler à l’amiable.
HENRI : Si tu tiens à regagner ta province rapido, t’auras intérêt à aller voir, ce serait toujours ça de gagné, c’est sur ton chemin.
HENRI : Oh ! Les Volfoni. T’inquiètes pas !
THEO : « La bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer ».
HENRI : Tchiao !
MONSIEUR FERNAND : Dis donc ça te gène pas qu’on y aille ensemble ?
PASCAL : C’est pas que vous me gênez Monsieur Fernand, mais je ne sais pas si ça va bien vous plaire ?
MONSIEUR FERNAND : Ben ça, je te le dirais !
L’AMI DE THÉO (chuchotant) : A ton avis, c’est un faux caïd ou un vrai branque ?
THEO : Pour moi, c’est rien du tout. Un coup de téléphone, et dix minutes après … Il existe plus.
Pascal et Monsieur Fernand dans la voiture en chemin pour rejoindre le casino de Tomate
PASCAL : J’admets qu’ils ont l’air de deux branques,
mais je n’irais pas jusqu’à m’y fier, non ? C’est quand même des
spécialistes. Le jeu, ils ont toujours été là dedans les Volfoni-brothers : à Naples, à Las Vegas, partout où il y a des jetons à la
clé, ils tenaient les râteaux hein ?
MONSIEUR FERNAND : Mais … Et l’autre là ? Le coquet ?
PASCAL : L’ami fritz ? Il s’occupe de la distillerie clandestine.
MONSIEUR FERNAND : C’est quand même marrant les évolutions. Quand je l’ai connu le Mexicain, il recrutait pas chez tonton.
PASCAL : Vous savez ce que c’est non ? L’âge, l’éloignement… A la fin de sa vie, il s’était penché sur le reclassement des légionnaires.
MONSIEUR FERNAND : Ah ! Si c’était une œuvre, alors là !! Là, c’est autre chose.
A l’arrivée chez Tomate
PASCAL : Voilà, ici c’est chez Tomate.
MONSIEUR FERNAND : Je m’attendais à quelque chose de plus important ; mais c’est un clapier !
PASCAL : D’après Tomate, ce qui passionne le joueur
c’est le tapis vert, ce qui il y a autour, il s’en fout, il voit même
pas. Planque toi !
Une voiture arrive. Un homme tire à la mitraillette sur
Pascal et Monsieur Fernand. La voiture fait un second passage. Pascal
riposte et tue les deux occupants ; la voiture finie dans le fossé.
PASCAL : A l’affût sous les arbres, ils auraient eu
leur chance, seulement de nos jours il y a de moins en moins de
techniciens pour le combat à pied, l’esprit fantassin n’existe plus ;
c’est un tort.
MONSIEUR FERNAND : Et c’est l'scénario de qui d’après toi, des Volfoni ?
PASCAL : Ce serait assez dans leurs sales manières ;
Monsieur Fernand ? Je serais d’avis qu’on aborde molo, des fois qu’on
serait encore attendu… Mais, sans vous commander, si vous restiez un peu
en retrait… Hein ?
MONSIEUR FERNAND : Ouais, n’empêche qu’à la retraite de Russie, c’est les mecs qu’étaient à la traîne qu’ont été repassés.
Chez Tomate
TOMATE : C’est toi qui fait tout ce foin ?
PASCAL : Je m’excuse. Monsieur Fernand, le nouveau taulier.
TOMATE : J’étais pas au courant.
PASCAL : Comme ça, tu l’es !
TOMATE : Je suis Tomate, le gérant de la partie.
MONSIEUR FERNAND : Bonjour.
TOMATE : Enchanté, mais qu’est ce que c’était que cette fusillade ? On ne se serait pas permis de vous flinguer sur le domaine.
MONSIEUR FERNAND : Et ben, on s’est permis.
PASCAL : Tomate ?
TOMATE : Oui ?
PASCAL : Tu devrais envoyer Freddy faire un tour ;
y’a une charrette dans le parc avec deux gars dedans, ça fait désordre …
Où sont les autres ?
TOMATE : Quels autres ?
PASCAL : Les mecs qui faisaient du scandale.
TOMATE : Du scandale ici ? Mais j’aimerais comprendre.
PASCAL : Moi aussi.
MONSIEUR FERNAND : comment mais c’est pas vous qui avez téléphoné ?
TOMATE : La nuit était tout ce qu’il y a de normal.
PASCAL : Qu’est ce que c’est que cette embrouille ?
MONSIEUR FERNAND : Le numéro d’Henri ?
PASCAL : balzac 44 05.
Au bowling
MONSIEUR FERNAND pense : Maintenant, Henri,
y peut plus expliquer les choses à personne… Trois morts subites en
moins d’une demi heure. Ah ça part sévère les droits de succession.
Monsieur Fernand et Pascal arrive dans la demeure du Mexicain
PASCAL : Le Mexicain l’avait achetée en viager à un procureur à la retraite. Après trois mois l’accident bête… Une affaire !
JEAN : Welcome sir, my name is John !
MONSIEUR FERNAND : ?
PASCAL (à maître Folace) : Il est mort, il y
a deux heures. On aurait pu être là plus tôt mais on a été retardé. Des
espèces de contestation ; et puis … Henri s’est fait descendre.
MAITRE FOLACE : Les Volfoni ! Quand le lion est
mort, les chacals se disputent l’empire. Enfin, on ne peut pas demander
plus aux Volfoni qu’aux fils de Charlemagne. Ah ! Maître Folace,
notaire.
MONSIEUR FERNAND : Bonjour monsieur.
MAITRE FOLACE : Heureux de vous accueillir, j’aurais
préférer bien sûr que ce soit dans d’autres circonstances. Votre
chambre est prête, le Mexicain avait donné des ordres.
MONSIEUR FERNAND : Et bien, vous êtes gentil, je
vous remercie, mais… ce qui m’arrangerais surtout, c’est si on pouvait
régler nos affaires dans la journée.
MAITRE FOLACE : Vous étiez l’ami de Louis depuis longtemps ?
MONSIEUR FERNAND : Depuis toujours.
JEAN : Mademoiselle va avoir du chagrin.
MAITRE FOLACE : Ah non… Stop… Sujet interdit,
attention messieurs, pas de fausses notes, la volonté du défunt est
formelle : pour Patricia, le plus longtemps possible, son papa se porte
comme un charme. Il joue les centaures quelque part dans les sierras
Mexicaines, mal desservies par la poste, ce qui explique son silence.
PASCAL : Bon, je dois partir. Maître Folace sait toujours où me joindre, j’habite chez ma mère.
MONSIEUR FERNAND : Oui merci.
MAITRE FOLACE : Je suis bien content que vous soyez
là vous savez ? Parce que moi avec la petite, j’y arrive plus. C’est
peut être parce que je la connais depuis trop longtemps. Pensez, c’est
moi qui l’aie tenu sur les fonts baptismaux, alors.
JEAN : Y’avait une belle cérémonie, mademoiselle était déjà ravissante.
MAÎTRE FOLACE : Dites moi mon ami, si vous montiez les bagages de Monsieur Naudin ?
JEAN : Yes sir
MONSIEUR FERNAND : Dites moi, si ça vous fait rien,
j’aimerais bien qu’on aborde un p’tit peu les choses sérieuses. Parce
qu’après tout une gamine c’est bien beau ça mais faut quand même pas
s’en faire pour ça non, on est bien d’accord ?
MAITRE FOLACE : Ah mais moi je ne m’en fait pas, je ne m’en fait plus. Maintenant qu’vous êtes là, c’est vous que ça regarde.
MONSIEUR FERNAND : Comment ça moi ?
MAITRE FOLACE : Eh ben ? Vous avez accepté de vous occuper d’elle non ?
MONSIEUR FERNAND : Ben oui.
MAITRE FOLACE :A la bonne votre mon cher. Vous allez
connaître tout ce que j’ai connu : les visites aux directrices, les
mots d’excuses, les billets de renvoi…
MONSIEUR FERNAND : Vous allez quand même pas dire que mademoiselle Patricia s’est fait éjecter non ?
MAITRE FOLACE : Ah, de partout mon cher.
Mademoiselle n’a jamais tenu plus de six mois ; juste le temps d’user
les patiences. Oui, vraiment, je suis content que vous soyez là.
MONSIEUR FERNAND : Pas pour longtemps, ça va changer
vite, c’est moi qui vous le dit ; la boite que je vais lui trouver, va
falloir qu’elle y reste, croyez moi ! Ou sinon, je vais la filer chez
les vraies sœurs, les vraies, pension au bagne avec le réveil au
clairon et tout le toutim, non mais sans blague ?
MAITRE FOLACE : Et bien, vous le lui direz à elle.
MONSIEUR FERNAND : J’vais lui dire, et puis tout de suite. Où est-elle ?
MAITRE FOLACE : Elle dort. Elle a organisé une petite sauterie qui nous a entraîné jusqu’à trois heures du matin.
JEAN : Your room is ready sir !
MAITRE FOLACE : Il veut dire que votre chambre est prête.
MONSIEUR FERNAND : Ah bon. Dites donc, il picole pas un peu votre british ?
MAITRE FOLACE : Oh la la ! Et puis il est pas plus british que vous et moi ; c’est une découverte du Mexicain.
MONSIEUR FERNAND : Il l’a trouvé où ?
MAITRE FOLACE : Ici, il l’a même trouvé devant son
coffre fort. Y’a dix sept ans de ça. Avant d’échouer devant
l’argenterie, l’ami jean avait fracturé la commode louis XV. Le Mexicain
lui est tombé dessus juste au moment où l’artiste allait attaquer les
blindages au chalumeau.
MONSIEUR FERNAND : Et bien, je vois d’ici la petite scène.
MAITRE FOLACE : Vu ses principes le patron pouvait
pas le donner à la police. ni accepter de régler lui-même les dégâts.
Résultat : Jean est resté ici trois mois au pair comme larbin pour
régler la petite note. Et puis, la vocation lui est venue, le style
aussi, peut être également la sagesse. Dans le fond, nourri, logé,
blanchi, deux costumes par an, pour un type qui passait la moitié de sa
vie en prison…
MONSIEUR FERNAND : Il a choisi la liberté quoi !
Dans la salle de bains où Monsieur Fernand fait sa toilette
PATRICIA : Oh, c’est drôle, je vous voyais plus grand, plus bronzé, mais c’est pas grave ; vous êtes bien l’oncle Fernand ?
MONSIEUR FERNAND : Ben… Oui.
PATRICIA : On pourrait peut être s’embrasser ? Ça se fait.
MONSIEUR FERNAND : Ah bon ben alors… Si ça se fait, allons-y ! Dis donc, heureusement que je viens de me raser.
PATRICIA : Papa m’avait annoncé votre arrivée.
MONSIEUR FERNAND : Quand ça ?
PATRICIA : Dans sa dernière lettre, il y a bien un mois. Ça vous étonne ?
MONSIEUR FERNAND : Euuuuh … Non, oh non.
PATRICIA : Y’avait trois pages, rien que sur vous : vos aventures, vos projets, sans compter tout ce que vous avez fait pour lui.
MONSIEUR FERNAND : Dis moi, tu sais, j’aimerais bien
avoir un petit peu de thé et du pain, du beurre et peut être des œufs
au bacon aussi. Tu ne pourrais pas t’occuper de ça en bas ?
PATRICIA : Du thé à sept heures du soir ?
MONSIEUR FERNAND : C’est à dire qu’en ce moment, j’suis un tantinet décalé dans mes horaires, oui.
PATRICIA : Ah bon ! Oh ! Au fait, ça a du être quelque chose la fois où vous l’avez sorti du fleuve ?
MONSIEUR FERNAND : Qui ça ?
PATRICIA : Ben papa. Il m’annonçait dans sa lettre :
« Fernand m’a sorti d’un drôle de bain ». Ce qu’il a oublié
de me dire, c’est quel fleuve c’était ?
MONSIEUR FERNAND : Écoute, soit gentille, moi je meurs de fin, alors va t’occuper de mon petit en-cas, tu veux ?
PATRICIA : Vous ne voulez pas me répondre ?
MONSIEUR FERNAND : Mais c’est pas que je veux pas
mais comment tu veux que je m’en rappelle moi, hein ? La bas des fleuves
t’as que ça, à droite, à gauche, devant, derrière, partout, et bourrés
de crocodiles en plus, voilà t’es contente maintenant ? Bon alors
maintenant va, et laisses moi finir ma toilette, et puis on parlera
après hein ? Parce que tu t’en doutes Patricia, faut quand même qu’on
parle.
PATRICIA : Oui, mon oncle.
MONSIEUR FERNAND : Qu’on parle de choses sérieuses.
PATRICIA : Oui tonton. Ça ne vous ennuie pas que je
vous appelle tonton ? Vous en avez tué beaucoup ? … Des crocodiles ; et
là bas y’a que ça, devant, derrière, à gauche, à droite, partout ! Bon,
eh bien, je vais m’occuper de votre thé.
Dans la cuisine
MAITRE FOLACE : Puisque la fermeté a l’air de vous réussir je vais vous donner l’occasion de vous distinguer.
MONSIEUR FERNAND : A propos de quoi ?
MAITRE FOLACE : D’argent ! D’argent qui ne rentre
pas. Depuis deux mois les Volfoni n’ont pas versé les redevances de la
péniche. Tomate a plus d’un mois de retard, et Théo etc…
MONSIEUR FERNAND : Mais qu’est ce que c’est ? Une révolte ?
MAITRE FOLACE : Non sire, une révolution ! Personne ne paie plus rien !
MONSIEUR FERNAND : Non mais, ces mecs n’auraient pas la prétention d’engourdir le pognon de ma nièce, non ?
MAITRE FOLACE : On dirait.
MONSIEUR FERNAND : Le Mexicain était au courant.
MAITRE FOLACE : Ah non non surtout pas ! C’était un
homme à tirer au hasard sans discernement, alors les ragots dans la
presse, si c’était tombé sous les yeux de la petite, vous voyez ça d’ici
!
MONSIEUR FERNAND : Ouais, c’que j’vois surtout, si on doit arriver à flinguer, vous préférez que ce soit moi qui m’en charge, c’est ça ?
MAITRE FOLACE : Un tuteur, c’est pas pareil
MONSIEUR FERNAND : Ça se guillotine aussi bien qu’un papa !
MAITRE FOLACE : Mais qui vous demande d’intervenir personnellement ? Nous avons Pascal. Je le convoque ou pas ?
MONSIEUR FERNAND : Si je devais pas être à la foire
d’Avignon dans 48 heures, j’dirais non, mais je suis pris par le temps.
Et puis je reconnais que c’est jamais bon de laisser dormir les
créances, et surtout de permettre au petit personnel de rêver.
Dans le salon
ANTOINE DE LA FOY : Vous parlez de rêver, rêvez vous
en couleur ? Antoine de la Foy, le plus respectueux, le plus ancien, le
plus fidèle ami de Patricia. Je vous connais monsieur et je vous
admire. Patricia vous évoque, vous cite, vous vante en toute occasion,
vous êtes le gaucho, le centaure des pampas, l’oncle légendaire…
MONSIEUR FERNAND : Et moi, elle ne m’a jamais parlé de vous.
ANTOINE DE LA FOY : Elle n’a pas eu le temps, ça ne
fait rien, je ferais donc mon panégyrique moi-même, c’est parfois assez
édifiant et souvent assez drôle, car il m’arrive de m’attribuer des mots
qui sont en général d’Alphonse Allais et des aventures puisées
dans la vie des hommes illustres.
MONSIEUR FERNAND à PATRICIA : Il est toujours comme ça ?
PATRICIA : Absolument pas ! C’est son côté agaçant,
il faut qu’il parle ; en vérité c’est un timide. Je suis sûre que vous
serez séduit quand vous le connaîtrez mieux.
MONSIEUR FERNAND : Parce qu’en plus, monsieur séduit.
ANTOINE DE LA FOY : Je ne séduis pas : j’envoûte … Let me do it Jean (En parlant du Whisky)
JEAN : Thank you sir.
ANTOINE DE LA FOY : Pour en revenir à vos rêves en
couleur, savez vous que Borowski les attribuent au phosphore qui est
contenu dans le poisson ? Moi je préfère m’en tenir à Freud, c’est plus
rigolo. Qu’est ce que vous en pensez ?
MONSIEUR FERNAND : Rien. Je ne rêve pas en couleur je ne rêve pas en noir, je ne rêve pas du tout. Je n’ai pas le temps.
ANTOINE DE LA FOY (parlant du whisky) : Je vous déconseille l’eau, ce serait un crime, il a dix ans d’âge.
PATRICIA : Tonton est débordé par ses affaires.
ANTOINE DE LA FOY : Vous viendrez bien avec nous demain soir.
MONSIEUR FERNAND : Et où ça ?
Maître Folace interloque discrètement Monsieur Fernand
ANTOINE DE LA FOY : Il demande où ça ? Mon dieu
qu’il est drôle. Franck Emile jouera pour la première fois Bliel.
Chorelli, Beethoven, Chopin, tout ça c’est très dépassé, c’est très con,
mais avec Bliel : ça peut devenir féroce, tigresque. Bref, tout le
monde y sera.
MONSIEUR FERNAND : D’accord, d’accord, je sais que
c’est la coutume d’emmener l’oncle de province au cirque. Je vous
remercie d’ailleurs d’y avoir pensé, mais vous irez sans moi. Moi demain
à sept heures je ne serais pas loin de Montauban, quant à mademoiselle
Patricia, elle sera à ses études, nous sommes bien d’accord Patricia ?
PATRICIA : Oui tonton !
Monsieur Fernand sort du salon pour aller dans le vestibule où attendent maître Folace et Pascal
ANTOINE DE LA FOY : J’crois que t’as raison, faut pas le brusquer.
MONSIEUR FERNAND : Qu’est ce qui se passe encore ?
MAITRE FOLACE : Notre ami va se faire un plaisir de vous l’expliquer…
PASCAL : Les Volfoni ont organisé à la péniche une
petite réunion des cadres, façon meeting si vous voyez ce que je veux
dire, enfin quoi, on parle dans votre dos.
MONSIEUR FERNAND : Et tu tiens ça d’où ?
PASCAL : Je ne peux pas le dire, j’ai promis, ce serait mal.
MONSIEUR FERNAND : Alors ?
MAITRE FOLACE : Eh bien, y’a deux solutions : ou on
se dérange ou on méprise. Oui, évidemment, n’importe comment, une
tournée d’inspection ne peut jamais nuire, bien sûr !
MONSIEUR FERNAND : Eh bien, on va y aller !
PASCAL : Monsieur Fernand ? Y’a peut être une place
pour moi dans votre auto, des fois que la réunion devienne houleuse ;
j’ai une présence tranquillisante…
PATRICIA : Vous préférez le foie gras pour commencer ou pour finir ?
MONSIEUR FERNAND : C’est à dire que je préférerais demain : j’suis obligé de sortir. Un conseil d’administration…
ANTOINE DE LA FOY : Quoi ? Vous n’allez pas dîner avec nous ? Moi qui venais de dire à Jean de monter du champagne ?
MONSIEUR FERNAND : Votre invitation me bouleverse ! Bon appétit quand même !
ANTOINE DE LA FOY : C’est du bidon !
PATRICIA : Sûrement pas. Il vient de Strasbourg, on le paie un prix fou…
ANTOINE DE LA FOY : Non, je parle du conseil d’administration de ton oncle. Si tu veux mon avis, l’oncle des pampas va courir la gueuze.
PATRICIA : Tu crois ?
A l’intérieur de la péniche
RAOUL VOLFONI : Voilà quinze ans qu’on fait le trottoir pour le Mexicain, j’ai pas l’intention de continuer à tapiner pour son fantôme.
MME MADO : Le trottoir, le tapin, c’est drôle ça ? On croirait que tu cherches le mot qui blesse ?
THEO : C’est des images.
MME MADO : Les images, ça m’amusait quand j’étais
petite, j’ai passé l’âge ! J’dis pas que Louis était toujours très
social, non, il avait l’esprit de droite.
TOMATE : Oh, dis eh !
MME MADO : Quand tu parlais augmentation ou
vacances, il sortait son flingue avant que t’aies fini. Mais il nous a
tout de même apporté à tous, la sécurité.
RAOUL VOLFONI : Ramasser les miettes, vous appelez
ça la sécurité vous ? Vous savez combien il nous a coûté le Mexicain en
quinze ans ? Vous savez combien qu’il nous a coûté ?? Oh, dis leur Paul,
moi j’peux plus.
PAUL VOLFONI : A 500 sacs par mois, rien que de loyer, ça fait 6 briques par an : 90 briques en 15 ans.
RAOUL VOLFONI : Plus 30 briques de moyenne par an
sur le flambe. Vous savez à combien on arrive ? Un demi milliard ! Et
toi pareil pour la petite ferme. Ben dis que c’est pas vrai !
TOMATE : J’ai rien dis !
RAOUL VOLFONI : Ben moi j’dis que j’lâcherais plus une tune ! Et j’vous invite à tous en faire autant.
THEO : Vous invitez, vous invitez… C’est très aimable, mais il y a des invitations…
RAOUL VOLFONI : Qu’est ce qui te gène toi ?
THEO : Le climat : trois morts depuis hier, si ça
doit tomber comme à Stalingrad… Une fois ça suffit. J’aime autant garder
mes distances.
RAOUL VOLFONI : Dis donc, t’essaierais pas de nous
faire porter le chapeau des fois ? Faut le dire tout de suite, hein : Il
faut dire Monsieur Raoul vous avez buté Henri, vous avez même buté les
deux autres mecs ; vous avez peut être aussi buté le Mexicain, puis
aussi l’archiduc d’Autriche…
Pascal, Monsieur Fernand et maître Folace arrivent sur le pont de la péniche
PASCAL : Eh ? Léo, c’est moi, Pascal.
LEO : J’arrive, qui est avec toi ?
PASCAL : Je suis avec le notaire.
LEO : Tu me dis que vous êtes deux, vous êtes trois…
PASCAL : J’annonce les employés, pas le patron…
LEO : Possible, mais j’attends un ordre de Monsieur Raoul.
Monsieur Fernand envoie d’un coup de poing Léo à l’eau
MAITRE FOLACE : C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases…
PASCAL : Allons !
Dans la péniche
RAOUL VOLFONI : Si vous marchez tous avec moi, qu’est ce qu’il fera votre Fernand, un procès ?
On frappe à la porte de la salle. Freddy se lève et va
ouvrir la porte. Monsieur Fernand envoie d’un coup de poing. Freddy au
tapis
RAOUL VOLFONI : Laisse
MAÎTRE FOLACE : Bonsoir messieurs ! Madame !
RAOUL VOLFONI : J’croyais pas t’avoir invité…
MONSIEUR FERNAND : Mais t’avais pas à le faire, j’suis chez moi. Qu’est ce que t’organises ? Un concile ? Tu permets ?
RAOUL VOLFONI : Je les avais réunis pour décider ce qu’on faisait pour le Mexicain, rapport aux obsèques.
MONSIEUR FERNAND : Si c’est des obsèques du Mexicain
dont tu veux parler, c’est moi que ça regarde ; maintenant si c’est
celle d’Henri… Tu pourrais peut être les prendre à ta charge.
RAOUL VOLFONI : Non, ça ne va pas recommencer, j’vais pas encore endosser le massacre.
MONSIEUR FERNAND : On parlera de ça un peu plus
tard. Pour l’instant on a d’autres petits problèmes à régler, priorités
aux affaires. Je commence par le commencement. Honneur aux dames. Mme
Mado je présume ?
MME MADO : Elle même.
MONSIEUR FERNAND : Chère madame, Maître Folace m’a
fait part de quelques … Pffff …. Quelques embarras dans votre gestion,
momentanés j’espère. Souhaiteriez-vous nous fournir quelques
explications ?
MME MADO : Les explications Monsieur Fernand, y’en a
deux : récession et manque de main d’oeuvre. Ce n’est pas que la
clientèle boude, c’est qu’elle a l’esprit ailleurs. Le furtif, par
exemple, a complètement disparu.
MONSIEUR FERNAND : Le furtif ?
MME MADO : Le client qui vient en voisin : bonjour
mesdemoiselles, au revoir madame. Au lieu de descendre maintenant après
le dîner, il reste devant sa télé, pour voir si par hasard il ne serait
pas un peu l’homme du XXème siècle. Et l’affectueux du dimanche :
disparu aussi. Pourquoi ? Pouvez vous me le dire ?
MONSIEUR FERNAND : Encore la télé ?
MME MADO : L’auto Monsieur Fernand ! L’auto !
MONSIEUR FERNAND : Ah, mais dites moi, vous parliez de pénurie de main d’oeuvre tout à l’heure…
MME MADO : Alors là Monsieur Fernand, c’est un
désastre ! Une bonne pensionnaire, ça devient plus rare qu’une femme de
ménage. Ces dames s’exportent, le mirage africain nous fait un tort
terrible ; et si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage.
MONSIEUR FERNAND : Bien je vous remercie madame Mado, on recausera de tout ça … Qui est ce le mec du jus de pomme ?
THEO : Ce doit être de moi dont vous voulez parler !
MONSIEUR FERNAND : Dis moi dans ta branche, ça va pas très fort non plus ! Pourtant du pastis vrai ou faux, on en boit encore ?
THEO : Moins qu’avant, la jeunesse française boit
des eaux pétillantes, et les anciens combattants, des eaux de régime.
Puis surtout il y a le whisky.
MONSIEUR FERNAND : Et alors ?
THEO : C’est le drame ça, le whisky…
A l’écart, Pascal et le garde de corps de Raoul Volfoni discutent…
BASTIEN : Dis donc je le connais pas celui-là. Il est nouveau ?
PASCAL : C’est le petit dernier de chez Beretta.
J’te le conseille pour le combat de près, et puis pour les coups à
travers la poche, ou le métro ou l’autobus. Mais note hein ? Faut en
avoir l’usage, sans ça, au prix actuel, on l’amortit pas.
BASTIEN : Le prix s’oublie la qualité reste, c’est pas l’arme de tout le monde, ça ! T’as eu ça par qui ?
PASCAL : Par l’oncle Antonio.
BASTIEN : Le frère de Berthe ?
PASCAL : Oui.
Retour dans la salle de conférence de la péniche…
THEO : … Tout ça pour vous faire comprendre,
Monsieur Fernand, que le pastis perd de l’adhérent chaque jour. Le
client devient dur à suivre.
MONSIEUR FERNAND : Oh tu sais, c’est un petit peu dans tous les domaines pareil, moi si je te parlais motoculture… Ouais enfin !
MME MADO : J’espère qu’il est encore chaud. (le thé)
MONSIEUR FERNAND : Merci.
MONSIEUR FERNAND : Bien, et maintenant à nous, dans votre secteur pas de problème, le jeu a jamais aussi bien marché.
RAOUL VOLFONI : Que tu dis !
MONSIEUR FERNAND : C’qui vous chagrine, c’est la
comptabilité, vous êtes des hommes d’action je vous ai compris, et
je vous ai arrangé votre coup.
RAOUL VOLFONI : T’arrange, t’arrange, et si on était pas d’accord ?
MONSIEUR FERNAND : Tu va voir que c’est pas
possible, j’ai adopté le système le plus simple, regarde ! On prend les
chiffres de l’année dernière, et on les reporte.
RAOUL VOLFONI : Arrête-toi
TOMATE : L’année dernière, on a battu des records !
MONSIEUR FERNAND : Et bien vous les égalerez cette année ! Vous avez l’air en pleine forme là ? Gais, entreprenants, dynamiques…
RAOUL VOLFONI : Et en plus, il nous charrie, c’est complet.
MONSIEUR FERNAND : Pascal ?
PASCAL : Oui Monsieur Fernand.
MONSIEUR FERNAND : Tu passeras à l’encaissement chez ces messieurs sous huitaine.
RAOUL VOLFONI : C’est ça, puis si on paye pas, tu nous butes ?
PASCAL : Hey monsieur Raoul…
MONSIEUR FERNAND : Bien, messieurs, il ne me reste plus qu’à vous remercier de votre attention.
MONSIEUR FERNAND : Madame
RAOUL VOLFONI : Bastien ! Accompagne ces messieurs !
Pascal, Monsieur Fernand et maître Folace quittent la salle
MME MADO : Toi Raoul Volfoni, on peut dire que tu en es un ?
RAOUL VOLFONI : Un quoi ?
MME MADO : Un vrai chef.
RAOUL VOLFONI : Mais y connaît pas Raoul ce mec ? Y
va avoir un réveil pénible, j’ai voulu être diplomate à cause de vous
tous, éviter que le sang coule, mais maintenant c’est fini, j’vais le
travailler en férocité, l’faire marcher à coup de lattes, à ma pogne je
veux le voir ! Et je vous promets qu’il demandera pardon et au
garde à vous…
Toc toc toc. Monsieur Fernand envoie un coup de poing à Raoul Volfoni.
MONSIEUR FERNAND : J’avais oublié : les 10% d’amende. Pour le retard.
RAOUL VOLFONI : Il a osé me frapper. Il se rend pas compte.
Pascal, Monsieur Fernand et maître Folace reviennent à la maison du Mexicain
MAITRE FOLACE : Cette petite fête m’a rajeuni de vingt ans. Monsieur Naudin a quelque peu bousculé Monsieur Volfoni senior.
JEAN : Mes compliments monsieur.
MONSIEUR FERNAND : Qu’est ce que c’est encore que ça ?
Monsieur Fernand entre dans la salle de séjour où Patricia et Antoine sont couchés dans le divan et écoutent de la musique
ANTOINE DE LA FOY : Oh non, au moment où la petite flûte allait répondre au cor, vous êtes odieux !
PATRICIA : C’est vrai tonton, ces choses là ne se font pas.
MONSIEUR FERNAND : Ah surtout, je t’en prie hein ?
PATRICIA : Qu’est ce qui vous arrive, mon oncle ? Vous avez été contrarié dans vos affaires ?
MONSIEUR FERNAND : Oh à peine. Si ça ne vous fait
rien Monsieur de la Foy, j’aimerais bien avoir une petite explication.
Remettez d’abord vos chaussures, vous êtes ridicule.
ANTOINE DE LA FOY : Qu’est ce que vous voulez que je vous explique, cher monsieur ?
MONSIEUR FERNAND : Tout ça, lumière tamisée, musique douce, et vos godasses sur les fauteuils, louis XVI en plus !
ANTOINE DE LA FOY : La confusion doit d’abord s’expliquer, mais les termes sont inadéquats.
MONSIEUR FERNAND : Ah parce que c’est peut être pas du louis XVI ?
ANTOINE DE LA FOY : Euh, non ! C’est du louis XV.
Remarquez, vous n’êtes pas tombé loin, mais les sonates de Chorelli ne
sont pas de la musique douce.
MONSIEUR FERNAND : Mais pour moi ça en est. Et je suis chez moi !
ANTOINE DE LA FOY : Ah j’aime ça, la thèse est osée
mais comme toutes les thèses parfaitement défendable. Mais nous allons
si vous le voulez bien discuter de la musique par rapport au local, de
l’élixir et du flacon, du contenu et du contenant.
MONSIEUR FERNAND : Patricia, mon petit… je ne
voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier, l’homme de
la pampa, parfois rude reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à
te le dire : ton Antoine commence à me les briser menu !
ANTOINE DE LA FOY : Si nous parlions de moi pendant que vous dînerez ?
MONSIEUR FERNAND : Toi, tu vas monter dans ta chambre !
PATRICIA : Bonne nuit Antoine.
MONSIEUR FERNAND : Quant à vous brillant Jeune Homme…
ANTOINE DE LA FOY : Ne vous donnez pas la peine, je connais le chemin…
MONSIEUR FERNAND : Justement, faudrait voir à l’oublier.
ANTOINE DE LA FOY : Ce n’est pas du tout gentil Oncle Fernand.
MONSIEUR FERNAND : MONSIEUR Fernand, s’il vous plaît. Aller hop.
ANTOINE DE LA FOY : Soit, les manières y gagneront ce que l’affection y perdra.
MONSIEUR FERNAND : Et bien, c’est ça. Pensez dont à moi.
PATRICIA : Vous m’avez terriblement déçue, vous n’avez pas été gentil avec Antoine.
MONSIEUR FERNAND : C’est ce qu’aurait fait ton père, figure toi ; il a jamais pu supporter les voyous, là.
PATRICIA : Antoine, un voyou ? Antoine est un grand compositeur, il a du génie.
MONSIEUR FERNAND : Et bien, les génies se baladent pas pieds nus, figure toi ! Hein ?
PATRICIA : Et Sagan ?
Monsieur Fernand dîne dans la salle de séjour ( Pascal et Bastien entre par la fenêtre)
PASCAL : Bonsoir !
MONSIEUR FERNAND : Vous êtes louf non ? Qu’est ce que c’est que ces façons d’arriver en pleine nuit par le jardin ?
PASCAL : Ben, on ne voulait pas sonner à cette heure
là, réveiller toute la maison. Si la demoiselle se posait des
questions. A cet âge là, on imagine.
BASTIEN : Et puis, on avait à vous parler.
MONSIEUR FERNAND : Vous, je vous ai déjà vu quelque part…
BASTIEN : Tout à l’heure, chez les Volfoni. J’étais de l’autre côté.
MONSIEUR FERNAND : Asseyez vous, j’suis en train de becter.
PASCAL : Alors là, on est vraiment confus ! Voilà,
si on est venu à deux, y’a une raison ! Bastien, c’est le fils de la sœur de mon père, comme qui dirait, un cousin direct, vous saisissez la
complication Monsieur Fernand.
MONSIEUR FERNAND : Non, pas encore !
BASTIEN : Ah, forcement, t’as pas donné à Monsieur
Fernand mes références : 1ère gâchette chez Volfoni, 5 ans de labeur, de
nuit comme de jour, et sans un accroc.
PASCAL : Vous la voyez ce coup là l’embrouille ?
Dans le monde des caves, on appelle ça, un cas de conscience, nous on
dit : un point d’honneur. Entre vous et les Volfoni, il va faire vilain
temps, en supposant que ça tourne à l’orage, Bastien et moi, on est sûr
de se retrouver face à face, flingue en pogne, avec l’honnêteté qui
commande de tirer. Ah non, un truc à décimer une famille.
MONSIEUR FERNAND : Ouais, je vois… Vous voulez boire un coup ?
BASTIEN : Non, non merci, jamais entre les repas.
PASCAL : Moi non plus, chez nous c’est la règle : santé, sobriété.
BASTIEN : On en a trop vu qui se sont gâté la main aux alcools.
MONSIEUR FERNAND : J’peux rien vous reprocher, les
histoires de famille, ça, c’est comme une croyance, ça force le respect.
Bon, alors, qu’est ce que vous proposez ?
PASCAL : Bastien a donné sa démission à Monsieur Raoul.
MONSIEUR FERNAND : La tienne va suivre ?
PASCAL : J’peux pas faire moins Monsieur Fernand, faut comprendre.
MONSIEUR FERNAND : J’comprends. Ouais, quand la protection de l’enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier !
Le lendemain, Monsieur Fernand dans la salle de séjour avec Patricia
MONSIEUR FERNAND : « et si la vieille
définition n’avait pas tant servie à propos de Racine et de Corneille,
nous dirions que Bossuet a peint tel qu’il devrait être et que Pascal
l’a peint tel qu’il est »… Et ben dit donc. Comment ? Ils t’ont
donné que 16/20 ? Et ben, permet moi de te dire qu’ils y vont un peu
fort, parce que moi, là, je t’aurais donné un peu plus.
PATRICIA : Vous êtes très gentil mon oncle…
MONSIEUR FERNAND : Non, Patricia, mon enfant, mercredi dernier quand je suis arrivé, nous dérivions et le navire faisait eau de toute part….
JEAN : …Un Monsieur, au téléphone, un appel de
Montauban, l’interlocuteur me semble comment dirais-je … Un peu
rustique, le genre agricole.
MONSIEUR FERNAND : Allo oui ? Oui, c’est moi … Ça
va, ça va … Alors, hein? … Oui… Oui… Ben si je suis pas rentré vendredi
c’est que j’ai pas pu… Et ben, je ne sais pas moi… 8 jours, peut être 15
…. Et ben, y’a qu’à faire le nécessaire… Enfin, c’est quand même
formidable, à chaque fois que j’m'absente, c’est toujours pareil, faut
toujours qu’y ait des histoires… et ben, démerdez vous …
JEAN : « Pascal l’a peint tel qu’il est »… Eh ben moi j’aurais donné à mademoiselle 20/20, et en cotant vache.
PATRICIA : Vous êtes gentil.
MAITRE FOLACE : Vous savez combien il reste au compte courant ? 60 000, 6 briques…
MONSIEUR FERNAND : Qu’est ce que ça veut dire ? Y’aurait du coulage ?
MAITRE FOLACE : Du coulage, oh, c’est bien plus
simple… Y’a que l’argent qui devait rentrer sous huitaine, n’est
toujours pas rentré. Y’a que l’éducation de la princesse, cheval,
musique, peinture, etc … Atteint un budget « Élyséen ». Et y’a
que vos dépenses somptuaires ont presque des allures africaines.
Le téléphone sonne
MAITRE FOLACE : Allô oui ? … Oui …oui … Il est là. Une seconde.
MONSIEUR FERNAND : Qui ça ?
MAITRE FOLACE : Justement, Raoul Volfoni.
MONSIEUR FERNAND : Allô, alors on a enfin compris, on casque !
RAOUL VOLFONI : Tu fais de l’obsession, t’es la
proie des idées fixes. Je te téléphonais seulement pour t’avertir qu’à
la distillerie, y sont en plein baccara, tu devrais t’en occuper, c’est
ton rôle grand chef.
MONSIEUR FERNAND : Mais de quoi tu t’occupes ?
RAOUL VOLFONI : Tu vois comme t’es injuste, on cherche à t’obliger, t’es encore pas satisfait.
A la distillerie
TOMATE : Tu crois que Raoul sera tombé dans le piège ?
THEO : Il n’aura pas résisté à la joie d’annoncer une mauvaise nouvelle à l’autre imbécile.
TOMATE : C’est étonnant que le butor aurait pas déjà téléphoné.
THEO : Y’a des impulsifs qui téléphonent, y’en à d’autres qui se déplacent… (Monsieur Fernand klaxonne).. et voilà !
TOMATE : Et c’est Volfoni qui portera le chapeau.
THEO : T’es rassuré ?
TOMATE : Ouais.
THEO : En voilà un qui est pratiquement sorti du
bagne. Maintenant, ce n’est plus qu’une affaire de patience. Dans un
mois, les Volfoni, et les affaires du Mexicain, ça deviendra Théo,
Tomate et Cie. (Théo claque des doigts pour appeler son ami) Planques ça, des mégots à la pommade rose l’homme de cro-magnon pourrait trouver ça amusant. (Monsieur Fernand klaxonne à nouveau) Voilà, voilà, on arrive. Dans 5 minutes vous filez. (Monsieur Fernand klaxonne encore et Théo descend)
MONSIEUR FERNAND : Alors ça vient oui ?
THEO : Voilà, j’arrive… Vous, Monsieur Fernand ?
MONSIEUR FERNAND : Ben quoi ? Ça a l’air de t’épater ?
THEO : Raoul Volfoni est ridicule ! Je lui avais demandé de m’envoyer un chauffeur, pas de vous déranger.
MONSIEUR FERNAND : Bon, maintenant j’suis là. Entre parenthèses c’est pas commode à trouver ton coin là, ça fait une plombe que je tourne autour !
THEO : La police tourne autour depuis 10 ans, elle a jamais trouvé. C’est pour ça que je regretterais cet endroit.
MONSIEUR FERNAND : Et pourquoi, tu dis ça ?
THEO : Par euh… Désenchantement, vous n’êtes jamais en proie au vague à l’âme Monsieur Fernand ?
MONSIEUR FERNAND : Ma foi, j’en abuse pas non.
THEO : Vous n’avez peut être pas les mêmes raisons. Vous avez gagné la guerre, vous.
MONSIEUR FERNAND : Bon, d’accord j’ai gagné la
guerre, mais si je me suis dérangé exprès c’est pas pour défiler, hein.
Où est-ce que tu veux en venir ? Qu’est ce qui se passe ?
THEO : Et bien voilà ce qui s’est passé : un
chargement tout prêt. Six millions de pastis. Un client qui attend tout
ça entre 11 heures et minuit à Fontainebleau ; et bien, nous ne livrons
pas.
MONSIEUR FERNAND : Pourquoi, qu’est ce qui te gène ?
THEO : Notre dernier chauffeur est parti hier pour
le Sahara, dans le pétrole, à cause des primes, des zones et des
assurances sociales : le goût de luxe, l’esprit nouveau.
MONSIEUR FERNAND : Un chauffeur, ça se remplace, non ?
THEO : Monsieur Fernand, le transport clandestin ne
réclame pas seulement des compétences, mais de l’honnêteté,
contrairement aux affaires régulières, on paie comptant en liquide. Ça
peut tenter les âmes simples.
MONSIEUR FERNAND : Ben moi, je vois qu’une solution ! Tu prends le bout de bois et tu livres.
THEO : Faut pouvoir !
MONSIEUR FERNAND : Comment ça ?
THEO : La nuit en plein milieu de la route, un homme
armé, en uniforme qui agite une lanterne et qui crie halte, qu’est ce
que vous faites ?
MONSIEUR FERNAND : J’m'arrète bien sûr, je passe pas dessus !
THEO : Et bien, c’est pour ça que vous avez encore votre permis ! Moi pas !
MONSIEUR FERNAND : Bon, les papiers du bahut sont en règle au moins, oui ?
THEO : Tout est en ordre ! Mais Monsieur Fernand, vous ne prétendez pas…
MONSIEUR FERNAND : … Quand y’a six briques en jeu,
j’prétends n’importe quoi. J’ai conduit des tracteurs, des batteuses, et
toi qui parlais de guerre, j’ai même conduit un char Patton.
THEO : Ce n’est pas ma marque préférée.
MONSIEUR FERNAND : Oui, bon ben dis donc, moi j’aimerais bien savoir où je livre parce que fontainebleau, ben c’est grand !
THEO : Vous connaissez la pyramide. Il y aura une Cadillac noire, arrêtée à l’embranchement de Melun.
Sur la route, Théo et Tomate attendent Monsieur Fernand les armes au poing
TOMATE : Il devrait être passé, tu vois pas qu’il soit tombé sur un barrage ce cave ! Ce serait beau !
THEO : Il tient pas la moyenne c’est tout. Avec les prétentieux, c’est toujours pareil, moi je, moi je, sur le terrain plus personne.
L’ami de Théo attend sur sa moto le passage du camion. Il le double et Freddy signale l’arrivée du camion avec une lanterne
TOMATE : J’ai l’impression qu’on annonce Monsieur dugommier.
THEO : Je crois qu’il va le regretter son char Patton.
Freddy jette des clous sur la chausser et le camion fini dans le fossé. Théo tire dessus à la mitrailleuse
TOMATE : Mais qu’est ce que t’attends, allume-le ! (Le camion prend feu) Ça va, filons. Ça va, ça va, ça va. (Monsieur Fernand sort du camion en feu)
Sur la péniche des Volfoni
RAOUL VOLFONI : Petit frère crois-moi, le monde moderne va vers la centralisation !
PAUL VOLFONI : Et Tomate, qu’est ce que t’en fais ?
RAOUL VOLFONI : Ben si il faut virer Tomate, on le virera. Moi, j’connais qu’une loi, celle du plus fort.
On frappe à la porte. Raoul Volfoni reçoit un coup de poing de Monsieur Fernand en loques à l’ouverture de la porte
RAOUL VOLFONI : C’est une manie, qu’est ce qui te prends ?
Monsieur Fernand prend une sacoche qu’il vide, puis il se dirige vers le coffre ouvert où il prend de l’argent
MONSIEUR FERNAND : Vous êtes sur la pente fatale, les gars ! Vous vous endettez, trois briques de camion plus six briques de pastis.
PAUL VOLFONI : On peut savoir de quoi tu causes ?
MONSIEUR FERNAND : Une autre fois ! Hein ?
PAUL VOLFONI : Bon !
MONSIEUR FERNAND : Ce soir je suis pas d’humeur à discuter. Tout m’irrite !
PAUL VOLFONI : Bien !
MONSIEUR FERNAND : Tout m’irrite !
PAUL VOLFONI : Bon bon !
Toc toc toc
RAOUL VOLFONI : T’es toujours de 50% dans l’affaire ?
PAUL VOLFONI : Ben bien sûr !
RAOUL VOLFONI : Alors va ouvrir !
Monsieur Fernand arrive à la maison du Mexicain, Patricia a organisé une petite fête...
UN INVITÉ : Convocation : 9 heures ! J’ai
l’impression mon cher, que nous ne sommes pas en avance. Vous êtes un
ami de Pat ou un copain d’Antoine ? Je me demande si il la saute ?
MONSIEUR FERNAND : Si qui saute qui ?
UN INVITÉ : Ben… Antoine… Patricia…
Monsieur Fernand met une raclée à l’invité impoli
MONSIEUR FERNAND : Jean ?
JEAN : Une seconde, monsieur.
ANTOINE DE LA FOY : Le cercle de famille s’agrandit.
UNE INVITEE : Encore un peu Jean, s’il te plaît.
JEAN : Tu picoles trop toi, tu vas être ronde.
UNE INVITEE : Vas donc m’en chercher une autre bouteille, s’il te plaît.
JEAN : Mais oui.
UN INVITÉ : D’accord, tchao.
MONSIEUR FERNAND : Jean ? Où est Patricia, et maître Folace ?
JEAN : À la cuisine, il aide lui.
ANTOINE DE LA FOY : Continuer de me cacher, c’est très désagréable.
PATRICIA : Oncle Fernand ?
MONSIEUR FERNAND : Ah te voilà toi ! et c’est ça que
t’appelle une petite dînette au coin du feu, dis ? Tu vas m’expliquer
un petit peu maintenant ?
PATRICIA : D’où viens-tu ?
MONSIEUR FERNAND : De chez des amis.
PATRICIA : D’anciens paras ? Vous avez évoqué le bon vieux temps, cooptation, close combat, vous avez joué au lance flamme…
Monsieur Fernand se sert un verre
UN INVITÉ : Sec ou à l’eau.
Monsieur Fernand est à deux doigts de perdre son sang froid
MONSIEUR FERNAND : Chez soi, ça fait plaisir.
PATRICIA : Je t’ai demandé la permission d’inviter
des amis, t’étais d’accord ; tu sais qu’ils sont tous d’excellentes
familles ? Celui qui vient de t’offrir du scotch, tu sais qui c’est ?
Jacques Le Tellier, le fils du contre amiral. Écoutes, tu tiens toujours
à ce que je passe mon bacho, alors soit logique ! Oui, le bacho sans
relations, c’est la charrue sans les bœufs, le tenon sans la mortaise,
bref, une nièce sans son petit oncle ! Avoue que tu n’avais jamais pensé
à ça.
MONSIEUR FERNAND : C’est fini oui ?
PATRICIA : Entre nous, à quoi penses-tu en général ?
MONSIEUR FERNAND : À Montauban, on ne devrait jamais quitter Montauban !
Dans la cuisine
MAITRE FOLACE : Charmante soirée, n’est ce pas ? Vous savez combien ça va nous coûter ? 2000 francs nouveaux.
MONSIEUR FERNAND : Y’en a qui gaspillent, et y’en a d’autres qui collectent… Hein ? Qu’est ce que vous dites de ça.
JEAN : Faudrait encore des sandwichs à la purée d’anchois, ils partent bien ceux-là.
MONSIEUR FERNAND : Voilà vos encaissements en retard… et avec une avance en plus. Les Volfoni ont essayé de me flinguer, oui maître.
MAITRE FOLACE : Ce n’est pourtant pas leur genre.
MONSIEUR FERNAND : Et ben ça prouve qu’ils ont changé de genre. Voilà.
JEAN : Quand ça change, ça change, faut jamais se laisser démonter.
MAITRE FOLACE : Vous croyez qu’ils oseraient venir ici ?
MONSIEUR FERNAND : Les cons ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît.
Les Volfoni sonnent à la porte… et entrent
PAUL VOLFONI : T’es sûr que tu t’es pas gouré de crèche.
RAOUL VOLFONI : J’me goure jamais, en rien.
UNE INVITEE : Scotch ou jus de fruit ?
RAOUL VOLFONI : Rien !
RAOUL VOLFONI : Si c’est notre pognon qu’ils sont en train d’arroser les petits comiques, ça va saigner !… Dites donc mon brave.
JEAN : Monsieur ?
RAOUL VOLFONI : Il est là, votre patron ?
JEAN : Qui demandez-vous ?
RAOUL VOLFONI : Monsieur Fernand Naudin.
JEAN : Monsieur Fernand…
RAOUL VOLFONI : … Fernand l’emmerdeur, Fernand le malhonnête, c’est comme ça que j’l'appelle moi.
JEAN : Si ces messieurs veulent bien suivre…
RAOUL VOLFONI : Et comment. Alors, tu viens dis !
JEAN : Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer.
Dans la cuisine
RAOUL VOLFONI : Bougez pas ! Les mains sur la table. J’vous préviens qu’on a la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours.
JEAN : Si ces messieurs veulent bien me les confier…
RAOUL VOLFONI : Quoi ?
Patricia fait irruption dans la cuisine
PATRICIA : Oh non, on est encore en panne de sandwiches. Tu sais mon oncle, si tes amis veulent danser…
Patricia ressort de la cuisine
JEAN : Allons vite messieurs, quelqu’un pourrait
venir, on pourrait se méprendre, et on jaserait. Nous venons déjà de
frôler l’incident.
MONSIEUR FERNAND : Tu sais ce que je devrais faire, rien que pour le principe…
RAOUL VOLFONI : Tu trouves pas que c’est un peu rapproché ?
PAUL VOLFONI : J’te disais que cette démarche ne
s’imposait pas. Au fond maintenant, les diplomates prendraient plutôt le
pas sur les hommes d’action. L’époque serait aux tables rondes et à la
détente. Hein ? Qu’est-ce t’en penses ?
MONSIEUR FERNAND : J’dis pas non.
RAOUL VOLFONI : Bé dis donc, on est quand même pas venu pour beurrer des sandwiches ?
PAUL VOLFONI : Pourquoi pas ? Au contraire, les
tâches ménagères ne sont pas sans noblesse. lorsqu’elles constituent le
premier pas vers des négociations fructueuses. Hein ? … merci.
MONSIEUR FERNAND : Maître Folace, vous avez oublié de planquer les motifs de fâcherie.
PAUL VOLFONI : Oh, Monsieur Fernand…
MONSIEUR FERNAND : Tu connais la vie Monsieur Paul…. Mais pour en revenir au travail manuel, ce que vous disiez est
finement observé. Et puis, ça reste une base.
RAOUL VOLFONI : Ça, c’est bien vrai. Si on bricolait plus souvent, on aurait moins souvent la tête aux bêtises.
Une invitée fait irruption dans la cuisine…
UNE INVITEE : Jean ! ben ou il est Jean ?
MONSIEUR FERNAND : Qu’est ce que vous lui voulez ?
UNE INVITEE : Y’a plus de glace et y’a plus de scotch !
MONSIEUR FERNAND : Maître Folace, donnez lui des jus de fruit, allez…
UNE INVITEE : Pas de jus de fruit, du scotch, vos jus de fruit vous pouvez vous les…
MAITRE FOLACE :… Allons mademoiselle ! L’oncle de Patricia vous dit qu’il n’y a plus de scotch, un point c’est tout.
UNE INVITEE : Vous n’avez qu’à en acheter, avec ça.
MAITRE FOLACE : Touches pas au grisby, salope !!
RAOUL VOLFONI : D’l’alcool à c’t'age là !
MONSIEUR FERNAND : Ah non mais c’est un scandale hein ?
RAOUL VOLFONI : Béh nous par contre, on est des adultes, on pourrait peut être s’en faire un petit ?
MONSIEUR FERNAND : Ça le fait est. Maître Folace ?
MAITRE FOLACE : Seulement, le tout venant a été
piraté par les mômes. Qu’est ce qu’on fait, on s’risque sur le bizarre ?
Ça va rajeunir personne.
RAOUL VOLFONI : Ben nous voilà sauvés.
MAITRE FOLACE : sauvés faut voir
JEAN : Tiens, vous avez sorti le vitriol ?
PAUL VOLFONI : Pourquoi vous dites ça ?
MAITRE FOLACE : Eh !
PAUL VOLFONI : Il a pourtant un air honnête.
MONSIEUR FERNAND : Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça, il … A l’air assez curieux.
MAITRE FOLACE : Il date du Mexicain, du temps des
grandes heures, seulement on a du arrêter la fabrication, y’a des
clients qui devenaient aveugles. Oh, ça faisait des histoires.
RAOUL VOLFONI : allez
Ils boivent
PAUL VOLFONI : Vous avez raison, il est curieux hein ?
MONSIEUR FERNAND : J’ai connu une polonaise qu’en prenait au petit déjeuner. Faut quand même admettre c’est plutôt une boisson d’homme. (Il tousse)
Ils se resservent
RAOUL VOLFONI : Tu sais pas ce qu’il me rappelle ?
C’t'espèce de drôlerie qu’on buvait dans une petite taule de Biên Hoa,
pas tellement loin de Saigon. Les volets rouges et la taulière, une
blonde komac. Comment qu’elle s’appelait nom de dieu ?
MONSIEUR FERNAND : Lulu la nantaise.
RAOUL VOLFONI : T’as connu ?
PAUL VOLFONI : J’lui trouve un goût de pomme.
MAITRE FOLACE : Y’en a.
RAOUL VOLFONI : Et bien c’est devant chez elle que Lucien le cheval s’est fait dessoudé.
MONSIEUR FERNAND : Et par qui ? Hein ?
RAOUL VOLFONI : Ben v’la que j’ai pu ma tête.
MONSIEUR FERNAND : Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu’à la dynamite.
RAOUL VOLFONI : Toute une époque !
Dans la salle à manger
PATRICIA : Tu boudes ?
ANTOINE DE LA FOY : Bouder moi tu plaisantes.
N’empêche que je commence à en avoir assez moi des amours clandestines ;
s’embrasser par téléphone deux fois par jour, c’est bien mignon, mais
j’suis un homme moi tu comprends ? Tout ça à cause de ton oncle. Écoutes c’est
vraiment trop bête, on dirait vraiment que vous avez tous peur de lui.
Mais j’vais aller lui parler moi.
PATRICIA : Tu vas lui parler de quoi ?
ANTOINE DE LA FOY : Je vais lui parler de notre mariage, de toi, de moi, de nous.
PATRICIA : Répètes un peu ce que tu viens de dire !
ANTOINE DE LA FOY : De toi, de moi.
PATRICIA : Non, non juste le premier mot. C’était le meilleur.
De nouveau dans la cuisine
MAITRE FOLACE : D’accord, d’accord, je dis pas qu’à
la fin de sa vie Jo le trembleur il avait pas un peu baissé. Mais
n’empêche que pendant les années terribles, sous l’occup’, il butait à
tout va. Il a quand même décimé toute une division de panzers.
RAOUL VOLFONI : Ah ? Il était dans les chars ?
MAITRE FOLACE : Non, dans la limonade, soit à c’qu’on t’dis ?
RAOUL VOLFONI : J’ai plus ma tête…
MAITRE FOLACE : Il avait son secret le Jo.
RAOUL VOLFONI (se lève précipitamment) : C’est où ?
JEAN : A droite, au fond du couloir.
MAITRE FOLACE : Et … Et … Et … 50 kilos de patates,
un sac de sciure de bois, il te sortait 25 litres de 3 étoiles à
l’alambic ; un vrai magicien le Jo. Et c’est pour ça que je me permets
d’intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoire qu’ils feraient mieux
de fermer leur claque merde !
PAUL VOLFONI : Vous avez beau dire, y’a pas seulement que de la pomme, y’a autre chose, ce serait pas des fois de la betterave ? Hein ?
MONSIEUR FERNAND : Si, y’en a aussi.
Raoul Volfoni dans la salle à manger
RAOUL VOLFONI : On vous apprend quoi à l’école, mon
petit chat ? Les jolies filles en savent toujours trop. Vous savez
comment je l’vois votre avenir ? Vous voulez le savoir ?
PATRICIA : Non, non, non…
RAOUL VOLFONI : Ben j’vais vous dire quand même,
j’vois une carrière internationale, des voyages, ouais, l’Égypte par
exemple, c’est pas commun ça l’Égypte ? C’qui a d’bien c’est qu’là-bas,
l’artiste est toujours gâtée.
ANTOINE DE LA FOY : Monsieur désire un renseignement ?
PATRICIA : Non, monsieur me proposait une tournée en Égypte.
ANTOINE DE LA FOY : Hein ?
RAOUL VOLFONI : Non, j’disais l’Égypte comme ça ! J’aurais aussi bien pu dire ……… Le Liban.
ANTOINE DE LA FOY : Je vois, Monsieur dirige sans doute une agence de voyage ?
PATRICIA : Mais non voyons chéri, Monsieur fait la traite des blanches, mais tu sais que c’est courant, allez, viens !
De retour dans la cuisine
MONSIEUR FERNAND : J’reprendrais bien quelque chose de consistant moi !
RAOUL VOLFONI : Dis donc, elle est maquée à un
jaloux ta nièce ? hein Je lui faisais un brin de causette, le
genre réservé, tu m’connais, mousse et pampre, voilà tout d’un coup
qu’un petit cave est venu me chercher, les gros mots et tout !
MONSIEUR FERNAND : Quoi ? Monsieur Antoine ! Il s’agit pas de lui faire franchir les portes, il faut le faire passer à travers.
JEAN : Je serais pas étonné qu’on ferme !
Monsieur Fernand et maître Folace sorte de la cuisine
MONSIEUR FERNAND (prenant Antoine par les épaules) :
Dehors tout le monde, allez les petites filles au dodo. Dehors et les
familles françaises, ça se respecte monsieur, les foyers c’est pas des
putes.
ANTOINE DE LA FOY : Milles excuses monsieur pour cet excès de familiarité, c’est l’excès de boisson.
MONSIEUR FERNAND : Oh ! Qui qu’a bu ?
MAITRE FOLACE : Oh ! Du jus de pommes.
MONSIEUR FERNAND : Du tact moi monsieur Antoine et à toute la bande… Allez hop.
MAITRE FOLACE : Allez, allez dehors, on ferme.
MONSIEUR FERNAND : Allez, allez, allez, allez…
MAITRE FOLACE : Allez, allez, allez, allez y. La sortie c’est par là. Allez oust. On retire sa main de là. Allez, allez.
RAOUL VOLFONI : Barrez vous, j’vous dit. Barrez vous.
PAUL VOLFONI : Allez au lit, au lit tout ça.
Une fois tout le monde dehors, Paul Volfoni rentre. Ils
éclatent tous de rire. Jean indique à Monsieur Fernand la présence de
Patricia qui se met à pleurer
MONSIEUR FERNAND : On causait de quoi ?
RAOUL VOLFONI : De notre jeunesse.
MAÎTRE FOLACE (rigole)
Le lendemain, Maître Folace vient réveiller Monsieur Fernand.
MAITRE FOLACE : Eh, eh oh!, OH ! Réveillez-vous ! Réveillez-vous !
MONSIEUR FERNAND : Qu’est ce que vous faîtes là vous ?
MAITRE FOLACE : J’ai le regret de vous faire savoir que Mademoiselle Patricia ne s’est pas rendue à son cours ce matin.
MONSIEUR FERNAND : Quoi ?
MAITRE FOLACE : Patricia, n’est pas allée aux cours ce matin ; l’institution vient de téléphoner.
MONSIEUR FERNAND : J’vous garanti qu’elle va y aller à son cours. Elle va même y aller tout de suite, hein.
Monsieur Fernand et maître Folace se rendent dans la chambre
MAITRE FOLACE : Elle est partie.
MONSIEUR FERNAND : Mais enfin, c’est pas possible ?
MAITRE FOLACE : Vous avez connu sa mère ?
MONSIEUR FERNAND : Quel est le rapport ?
MAITRE FOLACE : L’hérédité. Cette manie qu’elle avait, la maman de toujours faire la valise.
MONSIEUR FERNAND : Suzanne « beau sourire
» a été élevé à Bagneux dans la zone ; et à seize ans elle était
sujet vedette chez Mme Reine alors j’vous répète, j’vois pas le rapport.
MAITRE FOLACE : On pourrait peut être prévenir la police ?
MONSIEUR FERNAND : Vous voulez que le Mexicain se
retourne dan sa tombe. Sa fille recherchée par les perdreaux ; y’a
vraiment des fois où vous déconnez ferme hein… Jean ?
JEAN : Monsieur ?
MONSIEUR FERNAND : Dites donc, euh … Vous avez vu partir la petite vous ce matin ?
JEAN : Oui, Monsieur, comme d’habitude à huit heures.
MONSIEUR FERNAND : Et vous avez rien remarqué ?
JEAN : Si Monsieur, les valises.
MONSIEUR FERNAND : Non mais ! Comment, c’est
maintenant qu’y m’dit ça. Bon dieu, mais c’est pas vrai. Comment une
môme qui s’en va soit disant à l’école avec des valoches et vous, vous
trouvez ça naturel ?
MAITRE FOLACE: Go on, go on or he’ll break your dirty face.
MONSIEUR FERNAND : On peut dire que je suis comblé. Merci Messieurs, merci ! Ah oui. Qu’est ce que c’est que ça ?
JEAN : C’est le numéro du radio taxi qu’elle a prit. YES SIR.
Monsieur Fernand avec le taxi
MONSIEUR FERNAND : Vous êtes sûr que c’est là ?
LE TAXI : Un peu, j’ai coltiné les bagages à la troisième baraque.
MONSIEUR FERNAND : Non mais elle est folle ?
LE TAXI : C’est toujours ce qu’on a tendance à croire chaque fois qu’elles nous font la malle.
MONSIEUR FERNAND : Attendez-moi, j’en ai pour cinq minutes.
LE TAXI : Ah, j’aimerais mieux que vous appeliez un
collègue, si la petite dame me voit, j’aurais le vilain rôle. Comprenez
cafarder c’est pas beau. Six cinquante. Et puis nous dans le métier, les
ruptures, les retrouvailles, toutes les fluctuations de la fesse, on
préfère pas s’en mêler. Moi j’ai un collègue comme ça, transporteur de
cocu, y s’est retrouvé criblé en plein jour, rue Godeau, par une
maladroite.
MONSIEUR FERNAND : Oui ben ça va ça va.
LE TAXI : Merci bien Monsieur … Eh soyez quand même pas trop dur…
Monsieur Fernand rentre dans l’appartement de Antoine en plaine création musicale
ANTOINE DE LA FOY : Ah non de Dieu, de nom de Dieu,
mais où faut il s’expatrier mon Dieu pour avoir la paix ? Au Groenland, à
la terre de feu, j’allais toucher l’anti-accord absolu, vous entendez :
ABSOLU. La musique des sphères… Mais qu’est ce que j’essaie de vous
faire comprendre, homme singe !
MONSIEUR FERNAND : Vous permettez ?
ANTOINE DE LA FOY : Ah non !
MONSIEUR FERNAND : Monsieur de la Foy, quand vous aurez terminé avec vos instruments de ménage…
ANTOINE DE LA FOY : Oh, vous entendez ça, des
instruments de ménage, l’ironie du primate, l’humour Louis Phillipar, le
sarcasme Prud’hommesque. Monsieur Naudin, vous faites sans doute
autorité en matière de Bulldozer, de tracteur et Caterpillar, mais vos
opinions sur la musique moderne et sur l’art en général, je vous
conseille de ne les utiliser qu’en suppositoires. Voilà ! Et encore,
pour enfant. J’ajouterais qu’ayant dormi à la porte de chez vous, je
comprends mal…
MONSIEUR FERNAND : Où est Patricia ?
ANTOINE DE LA FOY : Je comprends mal disais-je votre présence chez moi !
MONSIEUR FERNAND : OU EST PATRICIA ?
PATRICIA : Ici mon Oncle… Bonjour !
MONSIEUR FERNAND : Mais enfin… Comment Patricia, qu’est ce que tu fais là ? Qu’est ce que ça veut dire tout ça ?
PATRICIA : Tu vois, je civette, je bainmarise, je
ragougnasse. Je donne à Antoine tout apaisement dans l’avenir. Logique
non ? Il doit passer sa vie avec moi.
MONSIEUR FERNAND : Passer sa vie ?
PATRICIA : Naturellement, tu restes déjeuner avec nous ? Chéri !
ANTOINE DE LA FOY : Oui ?
PATRICIA : Tu devrais descendre chez l’Italien, je crois que nous allons manquer de vin.
ANTOINE DE LA FOY : Oncle Fernand préfère le Bordeaux ou le Bourgogne ? Hein ? … … Ben on prendra les deux.
PATRICIA : Ça ne va pas, qu’est ce que tu as ?
MONSIEUR FERNAND : Euh… J’deviens louf’, c’est tout !
PATRICIA : Oh, mon civet qui brûle ! Tu peux venir tu sais.
MONSIEUR FERNAND : Écoute Patricia … Qu’est ce qui t’a pris de partir comme ça? Hein. Tu nous a fais faire un mauvais sang du diable !
PATRICIA : Qu’est ce qui t’a pris de mettre Antoine à la porte ?
MONSIEUR FERNAND : Tu veux mon avis ?
PATRICIA : C’est bien pour ça que je te le fais goûter.
MONSIEUR FERNAND : Non, mais c’est pas de ça qu’il s’agit, c’est de mon avis sur ton Antoine.
PATRICIA : MON Antoine, tu ne crois pas si bien dire, il m’épouse.
MONSIEUR FERNAND : Patricia, attention, ne nous emballons pas ; d’abord est ce que tu l’aimes, ben … Est ce que tu l’aimes assez pour l’épouser ?
PATRICIA : Oh, presque trop, c’est du gâchis ; ça
méritait une liaison malheureuse, tragique, quelque chose d’Espagnol,
même de Russe. Allez, viens donc boire un petit scotch va, ça te fera
oublier ceux d’hier.
MONSIEUR FERNAND : Hier, j’ai rien bu. Mais alors pas ça !
PATRICIA : Alors, pourquoi tu déambulais toute la nuit ? Tu as même fait couler deux bains.
MONSIEUR FERNAND : Les nerfs ! Dis moi, tu comptes
rentrer pas trop tard. Oui, il faudrait pas que la future belle famille
aille s’imaginer que… Nous menons une vie de bohème quand même. Parce
que ton Antoine, il est bien gentil avec ses airs là, mais tu vas voir
qu’il va nous faire surgir une famille comme tout le monde.
Au repas
ANTOINE DE LA FOY : Bref seul rescapé d’une famille
ébranlé par les guerres coloniales, les divorces et les accidents de la
route, Papa, Adolphe Amédée de la Foy dit « Le président »,
un personnage : il collectionne les pendules et les contraventions, les
déceptions sentimentales et les décorations ; il les a toutes sauf la
médaille de sauvetage, la plus belle selon lui, mais la plus difficile à
décrocher quand on est pas breton.
MONSIEUR FERNAND : Un homme curieux, dîtes-donc !
ANTOINE DE LA FOY : Un père… Adolphe Amédée
témoigne en matière d’art de perversion assez voisine des vôtres,
défenseur de Puvis de chavannes et Reynaldo Hahn…
MONSIEUR FERNAND : Connais pas.
ANTOINE DE LA FOY : … Lui, si ! A part ça, ce qu’il
est convenu d’appeler un grand honnête homme. Porté sur la morale et les
soubrettes, la religion et les jetons de présence… Vous connaissez sa
dernière ? Il vient de se faire bombarder vice-président du fond
monétaire international.
MONSIEUR FERNAND : Oh ?
PATRICIA : A quoi penses-tu ?
MONSIEUR FERNAND : Fond Monétaire, pas bête ça tu sais !
Dans la chambre le lendemain matin, Jean, Maître Folace et Patricia souhaitent l’anniversaire de Monsieur Fernand
JEAN, MAÎTRE FOLACE ET PATRICIA (en Coeur) : Happy birthday to you, happy birthday to you …happy birthday Fernand … happy birthday to you.
PATRICIA : Bon anniversaire, mon Oncle !
MAITRE FOLACE : Joyeux anniversaire, mon cher.
JEAN : Good health and happiness, Sir ! Santé et prospérité, Sir !
MONSIEUR FERNAND : C’est vraiment trop gentil.
PATRICIA : On m’a apporté celui-là tout à l’heure. Expéditeur : Volfoni frères.
MONSIEUR FERNAND : On a beau avoir fait la paix, ça fait quand même quelque chose. Et j’dois dire, que le geste est délicat.
PATRICIA : C’est sûrement une pendule, écoute !
Monsieur Fernand prend le paquet et le jette par la
fenêtre, une déflagration secoue la pièce. Plus tard, Monsieur Fernand
arrive sur la péniche des Volfoni, il frappe à la porte, Raoul Volfoni
lui ouvre
MONSIEUR FERNAND : Happy birthday to you, Happy birthday to you, Happy birthday to you, Happy birthday to you…
Monsieur Fernand décroche un coup de poing à Raoul Volfoni.
PAUL VOLFONI : Il est parti.
RAOUL VOLFONI : Non, mais t’a déjà vu ça ? En pleine
paix, il chante et puis crac, un bourre pif ! mais Il est complètement
fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. J’vais lui faire une
ordonnance et une sévère … J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quat’
coins d’Paris qu’on va l’retrouver éparpillé par petits bouts, façon
Puzzle. Moi, quand on m’en fait trop j’correctionne plus : j’dynamite,
j’disperse, j’ventile.
Les Volfoni arrivent dans la maison du Mexicain
PAUL VOLFONI : On n’aurait pas dû venir.
RAOUL VOLFONI : Ta gueule !
RAOUL VOLFONI : Assure-toi qu’il s’est recouché !
Monsieur Fernand est à côté de Raoul Volfoni qui ajuste sa bombe et qui ne l’a pas vu
RAOUL VOLFONI : Alors, y dort le gros con ? Ben y
dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Il entendra
chanter les anges, le gugus de Montauban ; j’vais l’renvoyer tout droit à
la maison mère, au terminus des prétentieux…
A l’hôpital
RAOUL VOLFONI : Fumier va !
Monsieur Fernand lit le journal dans la salle de séjour de la maison du Mexicain
MONSIEUR FERNAND : « Énigme dans l’affaire du
camion incendié parmi les bouteilles de pastis clandestin transportées
par les fraudeurs, certains contenaient de l’essence ». Evidemment
ça brûle mieux.
PASCAL : Oui, mais Monsieur Fernand, ce que vous avez fait aux Volfoni, c’est pas bien !
BASTIEN : C’est surtout, pas juste !
MONSIEUR FERNAND : Elle est bien belle celle-là ! Comment, il me flinguent à vue, il me butent Henri…
PASCAL : Justement pas !
BASTIEN : Ah… Tiens explique, toi !
PASCAL : Monsieur Fernand, si les Volfoni vous avaient seringué, vous et Henri, qui aurait été aux commandes, hein ?
BASTIEN : Moi, première gâchette !
MONSIEUR FERNAND : Et c’était pas toi !
MONSIEUR FERNAND : Dîtes-donc, Théo, l’ami Fritz là, question mentalité, quelle cote vous lui donnez.
PASCAL : Ben, c’est pas blanc bleu.
MONSIEUR FERNAND : Ça vous dirait de faire une petite commission pour moi ?
PASCAL : Nous, si les Volfoni sont plus dans le tourbillon !
BASTIEN : Présenté comme ça, la chose peut nous séduire !
MONSIEUR FERNAND : Ben alors vous pourriez peut être
passer voir Théo à la campagne. Il a sans doute besoin de parler, de
causer et à vous qu’il connaît bien, il se confierait peut être ?
PASCAL : Je ne vois pas de raisons pour qu’il nous fasse des cachotteries.
BASTIEN : J’vois pas non plus…
PASCAL : Ou alors, ce serait carrément le goût de taquiner !
Pascal et Bastien téléphonent de la distillerie
PASCAL : Alors voilà, Monsieur Fernand, on est passé à la distillerie. Théo était pas là, on est tombé sur Tomate, curieux non ?
MONSIEUR FERNAND : Qu’est ce qu’il faisait là ?
PASCAL : Détendez-vous, Monsieur Fernand, il nous l’a dit ce qu’il faisait là.
Tomate a été dessoudé dans la distillerie par Bastien et
Pascal. Théo et son ami retournent dans la distillerie et retrouvent
Tomate raide
THEO : Pauvre Tomate ; je le voyais pas s’en aller si vite.
L’AMI DE THEO : Comme ça, on aura pas à le faire, puisque c’est par lui qu’on devait clôturer.
THEO : C’est tout ce que t’as trouvé, tu comprends
que si Tomate est descendu, c’est que l’autre branque a compris et que
ça sera bientôt notre tour. Seulement maintenant, on a le droit pour
nous.
L’AMI DE THEO : Le droit ?
THEO : Légitime défense. Avec moi, ça ne pardonne pas.
A la maison du Mexicain
MAITRE FOLACE : Mon cher, nous avons de la visite !
MONSIEUR FERNAND : (un coup de feu retenti) Comme effet de surprise, c’est réussi ! V’là qu’on s’fait flinguer.
MONSIEUR FERNAND (s’adressant à Jean qui ouvre un coffre fort) : J’te demande pas si tu sais les ouvrir !
JEAN (tendant un revolver à Monsieur Fernand) : Je ne demande pas à Monsieur, si Monsieur sait s’en servir !
Amédée de la Foy arrive en pleine fusillade et se dirige vers la maison, où il sonne à la porte
JEAN : Monsieur attendait quelqu’un ?
MAITRE FOLACE : D’après Monsieur, serait-ce une feinte de l’ennemi ?
AMÉDÉE DE LA FOY : Voulez-vous m’annoncer auprès de Monsieur Fernand Naudin, je vous prie ?
JEAN : D’la part de qui ? … DE LA PART DE QUI MONSIEUR ?
AMÉDÉE DE LA FOY : Quoi, qu’est ce qu’il y a mon ami ? Articulez !
JEAN : DE LA PART DE QUI MONSIEUR ?
AMÉDÉE DE LA FOY : De la part du président de la Foy, le père d’Antoine de la Foy.
JEAN (à Monsieur Fernand) : Le président de la Foy !
AMÉDÉE DE LA FOY : Puisqu’on ne m’annonce pas, je le fais moi-même : président de la Foy …
Coups de feu
AMÉDÉE DE LA FOY : Moi aussi, je suis ravi de faire votre connaissance…
Coups de feu
AMÉDÉE DE LA FOY : Je vois que vous êtes habitué à
mener les choses rondement. Ce n’est pas pour me déplaire d’ailleurs,
j’aime l’action, l’initiative ; quand j’étais jeune, je jouais au hockey
sur gazon…
Coups de feu
AMÉDÉE DE LA FOY (une horloge sonne) : Mon
Dieu, fin XVIIIème, de Ferdinand Berthoud. A moins que ma future
belle-fille n’y tienne vraiment, je l’échangerais bien contre autre
chose. Oui, pardonnez-moi, j’anticipe. Et bien, Monsieur, j’ai l’honneur
de vous demander la main de votre nièce Patricia pour mon fils Antoine.
Monsieur Fernand fait signe à Jean
AMÉDÉE DE LA FOY : Ce oui est un cri du cœur, je
n’en attendais pas moins. Cette maison est un ravissement, cette
verdure, ce calme; Voyez-vous Monsieur, rien ne vaut ces vieilles
demeures de familles, ces greniers où nous avons joué enfants. Il me
semble avoir entendu…
MONSIEUR FERNAND : Oui, c’est le jardinier qui… tue les taupes !
MONSIEUR FERNAND : Jean ! Voulez-vous lui dire de faire un peu moins de bruit s’il vous plaît ?
JEAN : J’vais essayer de lui faire comprendre, Monsieur.
AMÉDÉE DE LA FOY : Dîtes moi que c’est un héritage,
un cadeau, un objet de famille, mais ne me dites pas que vous l’avez
trouvé à Paris, vous me tueriez !
MONSIEUR FERNAND : Quoi ?
AMÉDÉE DE LA FOY : Ça !
Une balle ricoche au plafond et fait tomber du plâtre sur le Président.
AMÉDÉE DE LA FOY : Ouh ! Mais qu’est ce que c’est ?
MONSIEUR FERNAND : Des termites.
AMÉDÉE DE LA FOY : Hein ?
MONSIEUR FERNAND : Des termites, ca bouffe tout les termites ! L’ennui de ces vieilles demeures où nous avons joué enfants. Sales bêtes !
Pascal et Bastien arrivent et sont repérés par Théo et sa bande qui stationnent dans le Jardin
THEO : Les horribles !
FREDDY : Séparément ils sont déjà pas drôles, j’suis pas pressé de connaître leur numéro de siamois.
THEO : Il faut bien admettre qu’exceptionnellement,
Dieu n’est pas avec nous ! Mais il ne sera pas dit que nous avons sorti
le matériel pour rien…
Les Volfoni sortent de l’hôpital, Théo et sa bande passent en trombe devant eux et les mitraillent.
THEO : Je ne dis pas que c’est pas injuste, je t’ai dis que ça soulage !
Chez le Tailleur
LE TAILLEUR : Ah parfait, absolument parfait, et
pourtant, une jaquette c’est difficile à porter ! Monsieur la porte à
ravir ; Monsieur a une morphologie de diplomate.
MONSIEUR FERNAND : Très bien, très bien, soyez assez
gentil de m’envoyer votre facture le plus vite possible, parce que moi,
je repars en Province après demain, hein ?
Chez le photographe
LE PHOTOGRAPHE : Ne bougeons plus !
PATRICIA : Mon oncle, c’est merveilleux, je n’aurais jamais pensé qu’on avait autant d’amis.
MONSIEUR FERNAND : Nous en avons encore beaucoup plus que tu ne le pense !
ANTOINE DE LA FOY : Vous avez l’air exceptionnellement détendu, Oncle Fernand, heureux de vivre !
MONSIEUR FERNAND : Ah oui, ça, vous pouvez le dire.
Maintenant que ma mission de tuteur est terminée, et croyez moi … Et
puis quant aux diverses affaires constituant la dot de notre petite
Patricia ; votre cher papa a accepté de les prendre en charge. Elles
sont sans doute un petit peu particulière mais enfin, avec un vice
président du fond monétaire à leurs têtes, ben moi je pense que tout ira
bien !
ANTOINE DE LA FOY : Oui, surtout avec Papa, il ne
comprend rien au passé, rien au présent, rien à l’avenir, enfin, rien à
la France, rien à l’Europe enfin rien à rien ; mais il comprendrait
l’incompréhensible dés qu’il s’agit d’argent.
MONSIEUR FERNAND : C’est pas du toc au moins ?
JEAN : Monsieur Fernand, du vieux Paris.
PASCAL : Monsieur Fernand, Monsieur FERNAND.
MAITRE FOLACE : Y’a du nouveau : Théo est réapparu, il est à la distillerie avec tout son petit monde.
MONSIEUR FERNAND : Quoi ?
PASCAL : Ils démontent le matériel ; on dirait qu’ils vont se faire la malle.
MONSIEUR FERNAND : Et t’es là ? Jean ? Ah bravo.
PASCAL : Mais Bastien monte la garde. On aurait pu
les flinguer sans douleur, mais on a pensé que Théo vous revenait de
droit. On a déjà vu des patrons se vexer.
MONSIEUR FERNAND : Jean ! Dîtes à mademoiselle que j’ai une course urgente à faire et que je les rejoins quand j’ai fini hein, voilà !
JEAN : Pour ce genre de courses, je conseille à Monsieur, si Monsieur me permet, de ne pas partir la musette vide.
PASCAL : Oh dis donc, tu m’as déjà vu pas emporter ce qu’il faut, où il faut et quand il faut ?
JEAN : Oh excusez-moi, Monsieur Pascal, mais des jours comme aujourd’hui, on a plus sa tête.
MONSIEUR FERNAND : Allez vite !
Pascal et Monsieur Fernand arrivent à la distillerie, ils rejoignent Bastien
BASTIEN : Ils sont là, j’en ai déjà repéré trois ! Y’en a peut être d’autres ?
PASCAL : Qu’est ce qu’on fait ? on attend qu’ils sortent ? On fait un fermé ou un rabat ?
MONSIEUR FERNAND : J’ai pas le temps d’attendre moi, j’ai une cérémonie à dix heures ! Allez, allons y. Allez.
PASCAL : Bon !
FREDDY : Ils arrivent, ils arrivent.
PASCAL (observant l’arme de Bastien) : Qu’est ce que je vois là ? ça
BASTIEN : J’l'avais en cas qu’il aurait fallu tirer en rafale, des fois qu’ils seraient tous sortis d’un coup, TATATATATA ……Hop !
PASCAL : C’est marrant que t’aies gardé ce côté maquisard, t’es pas en âge d’arrêter tes momeries ?
MONSIEUR FERNAND : Bon, c’est fini oui ? Puisque je vous dis que je suis pressé !
La fusillade éclate. Pascal et Bastien tuent l’ami de Théo.
Monsieur Fernand se bat avec Freddy et le tue. Théo parvient à
s’échapper. Monsieur Fernand, Pascal et Bastien se rejoignent à leur
voiture.
PASCAL (observant sa montre) : Patron ?
MONSIEUR FERNAND : Oh ! Merde !
PASCAL : (après avoir rafistolé la chemise, déchirée dans le dos, de Monsieur Fernand) Avec la jaquette, ça ira.
MONSIEUR FERNAND : Ça va ?
Tout le monde se retrouve à l’Église pour le mariage
MONSIEUR FERNAND (à Jean) : J’ai eu chaud.
Monsieur Fernand accompagne Patricia jusqu’à l’hôtel.
Théo se gare devant l’église et charge sa mitraillette. La cantatrice
chante, une explosion vient secouer l’église, Bastien et Pascal rentrent
dans l’église et se signent. La voiture de Théo, avec lui dedans, a
explosé...
Fin
Voir aussi :
- Le tournage des Tontons flingueurs et la scène de la cuisine.
- Le réalisateur Georges Lautner est mort.
- Un coffret collector à l'occasion des 50 ans des Tontons Flingueurs
- Test du Blu-ray des Tontons Flingueurs
- Anecdote : L'origine du film Ne nous fâchons pas
merci !
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