Au début de cette aventure cinématographique, il n'y avait qu'un mot "Tintin". Steven Spielberg ne savait pas ce que ce mot signifiait. « Alors que "Les aventuriers de l'Arche perdue" venait juste de sortir, » dit Spielberg, « parmi toutes les critiques françaises que je voyais mais que je ne pouvais lire sur Indiana Jones (Spielberg ne comprenait pas le français), il était fait des allusions à Tintin. Je ne comprenais pas ce que Tintin signifiait en français. »
Tintin était bien sûr le nom du reporter infatigable et incurablement innocent, dont les aventures avaient déjà été vendues à plus de 200 millions d'exemplaires depuis sa première apparition en 1929. La plupart des critiques comparaient en effet Tintin à Indiana Jones. Dès que l'on expliqua à Spielberg qui était Tintin, il décida de lire "Les sept boules de cristal". Il ne comprenait pas encore le français mais comprit immédiatement Tintin. « C'était comme un film, avec de très beaux storyboards », affirme Spielberg. « J'ai aussitôt compris l'histoire, l'humour, sans réellement en comprendre un mot. »
A l'époque, en 1983, Spielberg était à Londres, pour tourner "Indiana Jones et le Temple maudit". Il contacta Hergé, le créateur de Tintin, 75 ans, afin de discuter de la création d'un film de Tintin. Selon Spielberg, Hergé avait vu "Les aventuriers de l'Arche perdue" et avait adoré ce film. C'est à cette époque qu'il aurait demandé à Spielberg d'être le réalisateur d'un film mettant en scène Tintin (Cette version de l'histoire est celle de Spielberg, le biographe d'Hergé Pierre Assouline racontant une histoire beaucoup plus complexe incluant des histoires de droits d'auteur). Spielberg devait rencontrer Hergé à Bruxelles, quelques semaines plus tard, mais le décès du père de Tintin empêcha cette rencontre. Néanmoins, le réalisateur des aventures d'Indiana Jones a acquis les droits. Des problèmes de script, ainsi que d'autres films à réaliser, ont mis le projet en veille. Il aura fallu trois décennies pour que le film Tintin voit enfin le jour (26 octobre 2011 en France, deux mois plus tard aux États-Unis).
Le créateur de Tintin, Hergé, s’appelle en réalité Georges Rémi. Né en 1907, il est le fils d’un ouvrier d’une fabrique de bonbons à Bruxelles. Il grandi dans une famille catholique fervente. Il commence à publier les aventures de Tintin dans un journal brusselois, avec Tintin au pays des Soviets. Lors de la fin de la publication de cette aventure, le journal organise une fête dans la gare, et ce sont des milliers de fans qui font le déplacement. Hergé comprit que Tintin devait découvrir d’autres horizons, d’autres lieux.
Tintin fait ainsi le tour du monde, et est traduit en 60 langues. Ainsi, il devient Ding-ding en chinois, et Tincjo en Esperanto ! Ses aventures sont adaptées à la radio, à la télévision, au cinéma… Plus récemment, un timbre-poste Tintin est sorti en Belgique, ainsi qu’une pièce de 10 Euros. Tintin devient le premier héros de bande-dessinée qui entre dans la collection d’art moderne du Centre Pompidou. Enfin, une statue de Tintin et Milou, en bronze, trône dans un square à Bruxelles.
L'âge de Tintin est difficile à déterminer. Sa petite taille et son aspect chétif peuvent faire croire que ce n'est pas un adulte. Dans Tintin au Pays des Soviets, la façon dont il flotte dans un imperméable de la police allemande peut laisser supposer une taille d'enfant. Tintin n'est pas un adolescent, et encore moins un enfant comme le prouve par exemple, dès sa première aventure (Tintin au pays des Soviets), sa maîtrise de la conduite automobile et aérienne (avion). Par ailleurs, il vit seul dans son propre appartement avec son chien Milou, travaille en tant que reporter, semble subvenir seul à ses besoins et est fort physiquement. Dans une interview, Hergé a juste répondu qu'« il est jeune ». Cette ambiguïté est probablement destinée à aider le lecteur, enfant ou adulte, de 7 à 77 ans, à s'identifier à lui. Selon Hergé, son âge physique a évolué de 14 à 17 ans et son âge moral est resté 14 ans.
Tintin est définitivement le jeune homme qui lutte contre le mal. Il est le héros immaculé, sans aucun défaut, alors que les différents défauts des hommes sont incarnés par le capitaine Haddock (râleur, alcoolique...).
Malgré tous ses voyages, Tintin n’est jamais allé à Hollywood jusqu’à maintenant ! Il est bien allé à Chicago (dans Tintin en Amérique), lorsqu’il lutta contre Al Capone. Mais cela, c'était avant 2003, quand Spielberg décida de relancer le projet du film. « Je savais enfin avec quelle technique je pouvais faire ce film », dit Spielberg. « Avec une technique qui n’existait pas en 1983 : l’animation par capture de mouvements. » Le pionnier de cette technique au cinéma était Robert Zemeckis, avec Le Pôle Express. « J’ai réalisé que c’était la meilleure technique, et surtout la plus proche des albums de Tintin », poursuit Spielberg. Lors de la sortie du Pôle Express, Spielberg n’était pas convaincu par cette technique, alors nouvelle et pas toujours au point. Lorsqu’il vit ce que l’on peut en faire actuellement, avec Avatar et la beauté des paysages de Pandora, il demanda à l’équipe de Weta Digital, basée en Nouvelle-Zélande et co-fondée par le réalisateur Peter Jackson, de travailler à cette nouvelle aventure de Tintin. Le premier personnage qui fût mis au point en image de synthèse fût Milou.
Avec 23 livres en tout, ce n’était pas le matériel qui manquait pour la réalisation de ce film. Jackson et Spielberg décidèrent de mettre à l’écran la onzième aventure de Tintin : Le secret de la Licorne. L’aventure a été dépoussiérée et adaptée, avec un caméo de Bianca Castafiore (la seule femme de l’univers de Tintin), et la séquence du Crabe aux pinces d’or qui nous montre la première rencontre entre Tintin et le capitaine Haddock, ainsi que leur voyage à travers le Maroc. La difficulté fut de suivre scrupuleusement la palette colorimétrique des albums de Tintin, tout en rajeunissant le scénario. Le travail fût immense. Spielberg a même déclaré qu’il a fallu pas moins de trois ans pour réaliser le visage de Tintin et toutes ses nuances !
Quoi qu’il en soit, le résultat est visuellement à la hauteur des espérances des fans : moderne tout en étant fidèle aux aventures originales du héros à la houppette.
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